La réforme de l'assurance-emploi des conservateurs est injuste pour les travailleurs et contreproductive au plan économique, non seulement pour les régions où prédominent les industries saisonnières, mais pour l'ensemble de l'économie québécoise. C'est carrément une attaque contre le Québec et le gouvernement Marois doit réagir à la hauteur de cette attaque.

En introduisant une distinction entre les travailleurs de longue date et prestataires fréquents ou occasionnels, le gouvernement fédéral instaure une hiérarchie entre «bons» et «mauvais» chômeurs. Pour ces derniers, le gouvernement impose plus ou moins une obligation d'accepter n'importe quel emploi disponible, dans un rayon de 100 kilomètres, à 70% de leur salaire antérieur et sans égard aux autres conditions de travail.

Les chômeurs touchés représentent les deux tiers des personnes qui reçoivent des prestations régulières de l'assurance-emploi. C'est dire l'ampleur de cette réforme venue de nulle part et concoctée sans consultation.

Les régions seront particulièrement affectées par cette réforme qui forcera à l'exode des milliers de travailleurs provenant d'industries saisonnières comme la construction, l'agriculture, la pêche et le tourisme, privant ainsi ces régions de main-d'oeuvre compétente.

Mais toute l'économie québécoise en souffrira, y compris les centres urbains. En effet, les travailleurs touchés proviennent aussi de secteurs comme l'enseignement, la fabrication et l'industrie cinématographique.

À cause de sa structure industrielle, du caractère temporaire des contrats de travail et en raison du manque conjoncturel d'emplois disponibles dans leur domaine, 40% des chômeurs saisonniers au Canada sont québécois. Ces chômeurs, loin d'être des profiteurs, sont les victimes d'un marché du travail où la part des emplois permanents et à temps plein est insuffisante. C'est à cela qu'il faut s'attaquer.

Les conservateurs soutiennent que c'est pour répondre à la pénurie de main-d'oeuvre que ces modifications sont nécessaires. Or, le Québec compte un des taux de postes vacants parmi les plus faibles au Canada. Cela signifie qu'il y a plus de chômeurs à se disputer un emploi disponible ici qu'ailleurs. En réalité, la réforme conservatrice vise à aider les entreprises de l'Ouest canadien à combler leurs pénuries d'emploi à peu de frais, puisque cette réforme va aussi créer une pression à la baisse sur les salaires.

Tous ne partiront pas pour l'Ouest, mais tous seront touchés. Des chômeurs fréquents préféreront l'aide sociale plutôt que d'être harcelés constamment, les excluant définitivement du marché du travail. D'autres accepteront des petits boulots loin de leurs compétences, risquant de perdre leurs qualifications professionnelles.

Finalement, plusieurs se retrouveront sans ressources financières pour un bon moment avec le retour du fameux trou noir, puisque les conservateurs abandonnent en même temps les projets pilotes qui prolongeaient les prestations de cinq semaines dans certaines régions.

C'est le quatrième resserrement effectué par le fédéral depuis 1990. Chaque fois, le Québec a été le plus touché. Les libéraux n'ont pas fait mieux en réduisant l'accessibilité au régime et en détournant 60 milliards de dollars de la caisse.

Il est temps que le gouvernement du Québec envisage sérieusement le rapatriement du programme d'assurance-emploi, comme le propose le programme du PQ. Cela ne se fera pas du jour au lendemain, mais il est clair qu'il n'y a plus d'avenir avec le régime fédéral.

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