Le dossier de la poursuite judiciaire intentée en novembre 2013 par d'anciens joueurs de la LNH contre la ligue, et celui des commotions cérébrales plus largement, sont intéressants à plus d'un égard.

D'abord, les démarches ayant permis l'accès à un lot de courriels que plusieurs auraient préféré garder secrets témoignent des efforts déployés par les médias pour défendre le droit du public à l'information. Ces courriels, qui font partie du dossier déposé à la Cour, avaient été maintenus sous scellés à la demande de la LNH, qui estimait que leur publication pourrait porter atteinte à ses relations commerciales. En décembre dernier, une juge américaine a fait droit à la requête des médias, permettant la publication de plusieurs courriels au contenu peu édifiant pour la LNH.

Toutes les semaines au pays, des avocats représentant les intérêts de consortiums de médias plaident des demandes semblables devant les tribunaux afin de faire lever des ordonnances de mise sous scellés et de non-publication. Le public a ainsi eu accès à plusieurs informations portant sur les scandales ayant mené à la commission Charbonneau ou encore les tribulations de la secte Lev Tahor. Ces procédures sont une rassurante démonstration de la santé de notre démocratie.

Pour en revenir à la LNH, les courriels publiés à ce jour n'apportent pas de preuve concluante que la LNH a sciemment caché des informations à ses joueurs concernant les conséquences néfastes des commotions cérébrales, ce qu'allèguent les anciens joueurs dans leur poursuite.

L'atteinte à la réputation de la LNH, elle, s'est cependant cristallisée et ces courriels sont dévastateurs pour une ligue qui prétend prioriser la sécurité des joueurs.

L'adage voulant que le pire des règlements vaille mieux que le meilleur des procès colle parfaitement à cette affaire puisque la LNH n'a strictement rien à gagner à laisser perdurer ce litige.

Cette affaire nous amène par ailleurs à constater qu'il y a eu, au fil des années, un formidable exercice d'aveuglement volontaire collectif à l'égard des commotions cérébrales et de leurs conséquences. Il est en effet troublant d'apprendre qu'une personne qui a subi une commotion cérébrale est cinq fois plus à risque d'en subir une autre, sans compter qu'après trois commotions, les probabilités de souffrir d'une maladie neurovégétative augmentent par un facteur de 10. La mère en moi frémit également en apprenant que 80 % des commotions ne seraient pas diagnostiquées et que près de la moitié des jeunes qui en sont victimes en lien avec la pratique d'un sport sont âgés de 12 à 15 ans.

ET LE QUÉBEC ?

Bien que le Québec traîne de la patte à ce chapitre, il faut néanmoins saluer les récents efforts de prise en charge, qui se sont notamment traduits par un plan d'action publié en décembre dernier. Une loi aurait sans doute eu plus de mordant qu'un simple plan d'action, mais c'est surtout la lenteur dans la mise en application de ces beaux principes qui dérange.

Évidemment, j'examine la situation avec mon regard de mère de famille, responsable de l'éducation, de la santé et de la sécurité de trois enfants, dont deux garçons passionnés - avec un immense P - d'une variété de sports, allant du hockey au football en passant par le ski et le basketball.

Je ressens donc l'urgence et l'impatience de voir une certaine uniformité dans les protocoles d'interventions, qui sentent parfois l'improvisation, et des démarches concrètes de sensibilisation auprès de tous les acteurs concernés.

Enfin, il ne faut pas sous-estimer l'influence qu'ont les ligues sportives majeures sur la puissance et la force du message diffusé, d'où l'importance qu'il y ait une cohérence entre les paroles et les gestes. Il serait donc utile de rappeler à la LNH d'ajouter à l'ordre du jour de leur prochaine réunion portant sur la sécurité des joueurs la question des bagarres. Parce que tôt ou tard, il faudra bien cesser de se mettre la tête dans le sable.

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