La semaine dernière, Pauline Marois a tiré sa révérence en lançant un vibrant appel aux Québécois. Elle a livré ce message avec une dignité tout aussi poignante que celle avec laquelle elle avait prononcé son discours de défaite, le 7 avril dernier. Il faut reconnaître que malgré son court règne, Pauline Marois aura marqué notre histoire et contribué à l'éclatement du plafond de verre en étant la première femme à diriger la province.

Le peuple ayant parlé, nous voici à nouveau avec un gouvernement libéral dont le conseil des ministres sera présenté demain. Si la victoire du Parti libéral, ou la défaite du Parti québécois selon la perspective choisie, est sans équivoque, le recul du nombre de femmes élues l'est tout autant. En 2012, on comptait 41 femmes sur 125 élus, soit 33%, alors qu'elles ne sont plus que 34, faisant ainsi chuter la proportion à 27%. Quant au conseil des ministres, Philippe Couillard devra le former en puisant parmi ses 70 députés, dont seulement cinq ou six des 17 femmes seraient «ministrables» selon les analystes politiques.

Au cours de la dernière campagne électorale, j'ai exprimé certaines raisons susceptibles d'expliquer le manque d'engouement des femmes envers l'implication politique. S'il ne m'apparaît donc pas étonnant, devant les règles actuelles du jeu, que peu de femmes sentent l'appel de la politique, le constat n'en est pas moins désolant, voire inquiétant. Le recul est frappant, tant au niveau mathématique que législatif.

Après avoir applaudi la décision du gouvernement Charest d'imposer la parité au sein des conseils d'administration des sociétés d'État, plusieurs ont espéré que la première femme première ministre irait encore plus loin en élargissant la portée de cette obligation et en l'appliquant même à son conseil des ministres. Les espoirs auront été déçus par la position du gouvernement Marois, qui s'est limité à «inviter» les entreprises à se doter d'objectifs en matière d'équité.

Devant le portrait de la situation, le Conseil du statut de la femme ravive les discussions sur la possibilité d'instaurer des mesures incitatives, dont le versement de primes, afin d'amener les formations politiques à accorder davantage de place aux femmes. Une intervention législative contraignante est-elle pour autant appropriée?

Certains, dont François Legault, plaident que les députés devraient d'abord être sélectionnés en fonction de leur compétence. Malheureusement, à compétence égale avec les hommes, plusieurs femmes n'osent simplement pas se lancer dans la mêlée et ce sont elles qu'il faut rejoindre et convaincre qu'elles peuvent faire une différence pour la collectivité.

Le danger qui nous guette est de sombrer dans une confortable indifférence et de laisser les vieilles mentalités de «boys club» reprendre leurs droits, tout en minimisant la contribution colossale des femmes sur l'évolution de notre société. Et c'est peut-être là qu'un certain exercice de tordage de bras serait salutaire.

Le 8 mars dernier, à l'occasion de la Journée internationale de la femme, Philippe Couillard a fait une promesse qui est sûrement venue le hanter pendant qu'il s'affairait à bâtir son conseil des ministres. Refusant, comme Jean Charest l'avait fait, de promettre un conseil des ministres formé de 50% de femmes, il s'est plutôt engagé à respecter une «zone paritaire» entre 40% et 60%. Devant les résultats de l'élection, le défi reste entier pour le gouvernement Couillard et nous saurons bientôt si le premier ministre a parlé à tort et à travers.

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