On le savait au départ, Sotchi n'était pas exactement la destination typique pour tenir des Jeux olympiques d'hiver. Dans cette station balnéaire bordée par la mer Noire, on se croirait presque en été. C'était prévisible, il n'y a pas lieu de se surprendre du temps doux en ville.

Si, à l'extérieur, l'atmosphère ressemble peu à celle qu'on retrouve habituellement à des Jeux d'hiver, c'est un moindre mal à Sotchi même. Les compétitions qui y ont lieu - hockey, curling, patinage de vitesse, patinage artistique - se déroulent dans des amphithéâtres à environnement contrôlé. L'organisation peut ainsi assurer aux athlètes des conditions idéales (comme la température de la patinoire) qui leur permettent des performances optimales.

C'est cependant loin d'être le cas dans les montagnes du Caucase, qui sont le théâtre des épreuves en plein air.

Ce n'est pas que la neige est insuffisante. L'organisation des Jeux avait prévu le coup. Elle avait fait emmagasiner des tonnes et des tonnes de neige. Aucun problème de ce côté. Ce n'est pas la quantité qui fait défaut, c'est sa mauvaise qualité, sa texture, qui ne cesse, jour après jour, de dénaturer les performances.

Des ratés

Depuis le tout début des Jeux, il fait trop chaud à la station Rosa Khutor. À 1500 mètres d'altitude, le mercure avoisine les 10 degrés!

Résultat: la neige se transforme en gros sel. Avec les effets parfois désastreux que cette situation a entraînés dans plusieurs disciplines.

En slopestyle, qui faisait son entrée en scène aux Jeux, il fallait voir comment les planchistes et skieurs, particulièrement chez les femmes, avaient du mal à prendre de la vitesse dans cette neige molle avant d'effectuer leurs sauts périlleux. Comment l'atterrissage a été rendu précaire, sinon dangereux, par les crevasses façonnées par les compétiteurs précédents. D'où d'infortunées chutes et blessures.

Ce sport n'est-il pas assez exigeant au plan physique sans que l'on complique démesurément la tâche de ces athlètes? À combien de culbutes avons-nous assisté dans les bosses, en ski acrobatique, parce que la neige était trop molle sur le fond glacé?

En ski alpin, le portrait n'a guère été plus rose jusqu'à présent. Les skieurs préfèrent de loin s'exprimer sur les parcours glacés et rapides. Mais en raison de la neige fondante, ils ont souvent dû composer, dans les virages prononcés, avec de profonds sillons susceptibles d'entraîner des dérapages et des sorties de piste dangereuses. Même chose en snowboard cross, où les collisions entre compétiteurs sont déjà fréquentes dans des conditions normales de glisse.

Et que dire des épreuves de ski de fond disputées en manches courtes? Les techniciens ont éprouvé toute la misère du monde à trouver la bonne recette de fartage. Parlez-en à Alex Harvey, qui a pesté plus d'une fois contre les pénibles conditions de glisse de ses skis...

Au bout du compte, ce sont les olympiens qui souffrent de ces conditions climatiques extrêmes. Et la qualité du spectacle aussi, indéniablement.

Évidemment, les athlètes de haut niveau ont appris à s'adapter à toutes les situations. Toutefois, il faut chercher à mettre les chances de leur côté. S'assurer que la température n'aura pas un impact indu sur leurs performances.

Or, en présentant les Jeux d'hiver à Sotchi, les probabilités que les compétitions en plein air se déroulent dans ces conditions hors-normes s'en trouvaient forcément augmentées. Visiblement, ce facteur n'a pas préoccupé les bonzes du Comité international olympique, qui ont préféré succomber à la campagne de charme du président Vladimir Poutine.

Et comme si ce n'était pas suffisant, c'est au tour du brouillard de mêler les cartes et de provoquer le report d'épreuves.

Bienvenue aux Jeux d'été de Sotchi.

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