Pendant le pic de la crise du virus de l'Ebola qui a frappé la Guinée, la Sierra Leone et le Liberia, c'est le regard sur l'ensemble des Africains qui a un peu changé chez bien des gens.

Si bien que lorsque la proximité avec l'autre devenait inévitable, je cherchais souvent une façon humoristique de dissiper ce malaise injustifié, mais bien perceptible. Pourquoi les gens avaient-ils si peur d'Ebola? Parce qu'il n'y a pas de vaccin ou de traitement homologué contre cette maladie.

C'est la même vulnérabilité qui explique cette psychose naissante face aux dérives de l'islamisme radical, qui pose de sérieux problèmes aux nations occidentales.

Si M. Couillard veut vraiment lutter efficacement contre l'islamophobie, de plus en plus ouverte au Québec, même un placebo serait plus approprié que cet enlisement dans une gymnastique proverbiale qui place les villes et les municipalités dans une fâcheuse position. Tenaillés entre les inquiétudes de leurs citoyens et l'obligation de respecter les libertés individuelles, les élus municipaux rivalisent d'improvisations qui risquent d'engendrer des cassures difficilement réparables.

Depuis quelques mois, le Parti libéral se cramponne à une rhétorique langagière, nous sermonnant de bien tracer la frontière entre intégrisme et terrorisme. Mais s'il est vrai que tous les intégristes ne sont pas des terroristes, tous les terroristes sont par contre des intégristes. Les discours et les assemblées intégristes sont les clubs-écoles où se singularisent les joueurs qui deviennent les recrues pour les ligues majeures du terrorisme international. De ce fait, les éléments déjà radicalisés ont beau être la priorité du gouvernement, il faudra inéluctablement s'attaquer aux coachs que sont ces prédicateurs qui haranguent les candidats potentiels en restant dans les limites de la protection des chartes.

Établir les priorités

Il faudra aussi un jour établir une hiérarchie de priorités dans ces chartes qui veillent, dit-on, sur nos droits et libertés. Je trouve en effet illogique que les homosexuels soient protégés par le même bouclier qui permet à certains prêcheurs extrémistes de clamer en toute impunité leur mépris pour les gais. Est-ce que la liberté d'être extrême dans sa religion, au point de prêcher la mise sous tutelle des femmes, peut être un droit aussi sacré et fondamental que l'égalité entre les sexes?

Les terroristes sont malheureusement en train de réussir leur plan machiavélique, qui a toujours été de compliquer la vie de la majorité musulmane pratiquante et sans histoire qui vit en Occident. Il faut leur barrer la route en ouvrant les canaux de communication à des musulmans laïques pour un travail de pédagogie sociale qui ne peut qu'être bénéfique pour le vivre ensemble.

Pourquoi ne pas réserver une partie de cette couverture médiatique démesurée, qui a fait passer l'imam Hamza Chaoui d'inconnu à superstar, pour donner écho au discours de ceux dont la parole rassemble plus qu'elle ne divise? Pour raccommoder le tissu social, les médias devraient manifester plus d'intérêt pour l'aiguille qui coud que pour le couteau qui tranche.

Devant les attentats meurtriers, mais aussi l'exagération médiatique de certains épiphénomènes, la population, apeurée à juste raison, commence à réclamer une chimiothérapie là où une petite chirurgie serait pour l'instant plus appropriée. L'éminent chirurgien qu'est M. Couillard sait aussi plus que quiconque que la chimio ne fait pas toujours la différence entre les méchantes cellules à combattre et toutes les bonnes cellules qui peuvent faussement leur ressembler.

Si on ne fait rien maintenant, de ce sujet très sérieux, il ne restera dans un futur proche que des anecdotes et maladresses extrêmement gênantes. Un peu comme la performance des Pineault-Caron, qui donne envie de se cacher la tête dans le sable, a éclipsé les brillantes idées de tous ces penseurs et organismes venus défendre la laïcité pendant la commission parlementaire de la défunte charte du Parti québécois.

PHOTO ARCHIVES THE TORONTO STAR

Martin Rouleau a tué un militaire et en a blessé un autre à Saint-Jean-sur-Richelieu, en octobre dernier.

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