Jalouse relate le parcours de Nathalie (Karin Viard), une femme qui développe une jalousie maladive envers sa propre fille, puis envers tout son entourage. Dans cette comédie dramatique écrite et réalisée par les frères David et Stéphane Foenkinos (La délicatesse), Anne Dorval incarne la meilleure amie de la protagoniste. Le duo nous raconte son expérience de tournage.

Karin Viard: Un film écrit spécialement pour elle

«Sincèrement, je n'aime pas tellement parce que ça met de la pression à plusieurs endroits. Car si, à l'arrivée, je n'aime pas le scénario, c'est terrible. Il y a aussi que ça peut vouloir dire qu'on rêve de toi d'une certaine façon et on se demande alors si on ne pourra jamais être à la hauteur de ce désir. Cela dit, quand j'ai lu le scénario de Jalouse, j'ai dit oui, tout de suite, parce qu'il n'y avait aucune raison de dire non ! J'aime les personnages méchants, car ils ont habituellement beaucoup d'amplitude, et parce que leur méchanceté prend racine dans des sentiments douloureux. C'est une variation intéressante, je trouve. Dans le cas de Nathalie, la vie se charge de lui en mettre plein la figure!»

Un personnage méchant

«À la lecture du scénario, Nathalie me faisait rire parce qu'elle est un peu folle. Elle est aussi très directe, inconséquente, et méchante à un point où ça en devient divertissant. Quand j'ai lu la première version que les Foenkinos m'ont fait parvenir, je me suis bien rendu compte qu'ils avaient été prudents, craignant sans doute mon sentiment envers un personnage excessif, pas assez aimable. Je leur ai dit de ne surtout pas hésiter, d'y aller à fond. Je ne voulais vraiment pas rendre Nathalie gentille. Il faut assumer le personnage complètement, ne pas le juger, et l'aimer sans le rendre aimable. Ça ne me menace en rien en tant qu'actrice si je joue ça. Le plus grand défi a été de la rendre quand même aimable aux yeux du spectateur. En elle, il y a une part d'humanité qui nous ressemble, et dans laquelle on peut se reconnaître, même si on ne le souhaite pas. Le personnage est truculent en surface, mais quand on arrive à la seconde couche, plus en creux, ça devient plus compliqué. Dans la vie, je ne suis pas du tout jalouse de mes filles, mais je peux comprendre qu'une femme mûre qui n'a pas envie de s'éteindre puisse l'être. Évidemment, ici, c'est poussé à l'extrême, mais même si on ne vit pas ça, on peut le comprendre.»

Et Anne Dorval?

«Ah! Le plaisir qu'on a eu! Anne est d'abord une grande actrice. Et travailler avec elle fut vraiment agréable, car elle est délicieuse. Elle est drôle, sympathique, et nous avons beaucoup ri ensemble. Je l'aime beaucoup.»

La première réaction

«J'ai trouvé le film intéressant. Et bien fait. Pour interpréter un rôle, il faut garder la bonne distance pendant le tournage. Avoir un pied dedans et un pied dehors. Il faut aussi être conscient de ce qu'on fait, et s'abandonner complètement dans sa sincérité. Ça me laisse alors plus de place pour avoir un jugement extérieur quand je découvre le film la première fois. Là, j'ai aimé ce que j'ai vu.»

Anne Dorval: À la demande des Foenkinos

«Les frères Foenkinos ont d'abord contacté mon agent pour me convoquer à une rencontre. J'y suis allée et nous avons eu, je dois dire, beaucoup de plaisir, vraiment. Le personnage de Parisienne qu'ils m'ont proposé est assez présent dans le film, mais il ne constitue pas un grand défi d'actrice non plus. On ne parle pas ici du plus grand rôle de ma vie. Mais je trouvais le scénario intéressant, et, surtout, la gang dans laquelle je me suis retrouvée était très stimulante. David et Stéphane Foenkinos sont des êtres tout à fait charmants.»

Un tournage harmonieux

«Ce fut un beau tournage, avec des partenaires agréables. L'équipe technique était aussi formidable. D'ailleurs, j'essaie toujours de créer des liens avec les techniciens et je ne m'éloigne jamais trop d'eux ensuite. J'estime qu'ils sont notre premier public et il m'importe de ressentir leur réaction quand on travaille. Et puis, l'ambiance était légère, pas compliquée, vraiment, ce fut très agréable.»

Et Karin Viard?

«Je l'appréciais déjà beaucoup à travers ses rôles, mais je ne la connaissais pas du tout. Nous nous sommes tout de suite bien entendues. On a beaucoup ri ensemble, et je dois dire que ça n'arrive pas sur tous les plateaux où l'on tourne des comédies, car la pression peut parfois alourdir l'atmosphère. Là, le travail s'est fait en toute légèreté. Karin est charmante et drôle, et nous avons tourné dans une ambiance détendue. Ça aide beaucoup, car il est beaucoup plus difficile de livrer une performance quand tout le monde est stressé et doute de tout!»

Et la France?

«Je n'ai pas d'autres projets précis pour l'instant en France, mais on me propose des choses, parfois intéressantes, parfois moins. Comme je suis installée ici, et que j'ai déjà beaucoup de projets chez nous, il est certain que si une proposition française intéressante se pointe, il faut qu'elle arrive à un moment où je suis en mesure de me libérer pour aller tourner là-bas. Ce n'est pas toujours possible.»

La première réaction

«J'ai vu le film il y a quelques jours à peine! Je n'avais pas pu me rendre en France pour la première, et quand il a été montré ici, au festival Cinemania, c'était le jour de mon anniversaire! Je suis allée présenter le film à l'Impérial, mais on m'attendait ailleurs ensuite. De toute façon, voir sur grand écran pour une première fois le film dans lequel je joue, avec plein de monde autour, ce n'est pas ma tasse de thé. Idéalement, j'aimerais même ne jamais voir mes performances. Mais si je dois le faire, je préfère les regarder dans l'intimité, sur le plus petit écran possible. J'ai d'ailleurs visionné Jalouse sur mon téléphone. J'ai bien aimé le film parce qu'il est à l'image des frères Foenkinos: il y a de l'humour, de la bonté, de l'élégance, c'est fin et intelligent. Et en plus, il n'y a rien de prétentieux dans leur approche. Vraiment, ce film leur ressemble.»

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Jalouse prendra l'affiche le 30 mars.

Les frais de voyage ont été payés par Unifrance.

Photo Alain Roberge, Archives La Presse

Anne Dorval a trouvé la bande de Jalouse bien stimulante.