C'était une femme fatale oscarisée qui avait partagé l'affiche avec James Stewart, Robert Mitchum et Frank Sinatra. Il était acteur de théâtre de presque trente ans son cadet, issu de la classe ouvrière britannique.

L'histoire d'amour atypique de Gloria Grahame, mariée quatre fois, avec Peter Turner aurait dû entrer dans la légende d'Hollywood mais est restée largement confidentielle, jusqu'à aujourd'hui.

Film Stars Don't Die in Liverpool, avec Annette Bening et Jamie Bell, chronique leur relation passionnée au cours des années précédant la mort de Grahame à seulement 57 ans.

Prenant le contre-pied de la classique idylle entre un titan d'Hollywood et une actrice de quelques décennies plus jeune, Annette Bening, 59 ans, et l'ancien enfant-star Jamie Bell (Billy Elliott), 31 ans, partagent des scènes d'amour passionnées dans ce film d'inspiration biographique, et ont tous deux été largement acclamés pour leur performance.

«J'ai joué face à des hommes qui étaient plus vieux que moi toute ma vie», a confié la comédienne à l'AFP sur le tapis rouge avant la projection du film au festival AFI Fest dimanche, décrivant Bell comme un «professionnel qui a beaucoup de profondeur, un homme très bon».

La star de The Kids Are All Right est, à l'inverse de son personnage, mariée depuis 25 ans à une légende du cinéma bien plus âgée qu'elle, Warren Beatty, 80 ans. Comme Grahame en revanche, elle est aussi mère de quatre enfants.

Elle a tenu à rendre hommage aux hommes qui ont contribué à Film Stars Don't Die in Liverpool: «Nous avions un groupe d'hommes formidables sur ce tournage et je veux le souligner parce que les hommes» ont mauvaise presse ces jours-ci.

«Une magnifique histoire d'amour»

Jamie Bell n'a pas ressenti non plus de difficulté face à l'écart d'âge avec Bening, si ce n'est une certaine timidité face à son pedigree.

«Ça vous force à vous dépasser quand vous travaillez avec quelqu'un qui joue dans une autre ligue», a-t-il affirmé à l'AFP.

Bien qu'ayant tourné dans des classiques romantiques comme La vie est belle (1946), Grahame a souvent incarné des séductrices ou la fiancée de gangsters dans les films policiers.

Elle a gagné un Oscar pour un second rôle de neuf minutes dans The Bad and the Beautiful en 1952, à l'époque le record de la performance la plus brève ayant décroché une statuette.

Au faîte de sa carrière dans les années 50, elle a donné la réplique à Humphrey Bogart dans Le violent et a joué dans Le masque arraché, Règlement de comptes de Fritz Lang ou Oklahoma!.

Sa carrière a ensuite pâti de mauvais choix cinématographiques et de frasques sur les plateaux, et elle ne tournait presque plus quand elle a rencontré Turner, à un moment où elle se produisait sur les planches à Londres.

Film Stars Don't Die in Liverpool, qui sort vendredi au Royaume-Uni et fin décembre aux États-Unis, est adapté des mémoires de Peter Turner. Cette comédie dramatique raconte comment un flirt léger s'est transformé en un lien bien plus profond entre l'acteur en devenir et la star sur le déclin.

L'intrigue oscille entre leur relation naissante à Londres et aux États-Unis, jusqu'à ses derniers jours chez lui à Liverpool avant sa mort en 1981 des suites d'un cancer, le jour de son retour à New York.

«C'est une magnifique histoire d'amour, (...) très pure», estime Jamie Bell.

«Ca se passe à une époque où on jugeait bien moins les gens. Il n'y avait pas internet», ajoute-t-il. «Quand on rencontrait quelqu'un, on pouvait vraiment le découvrir pour ce qu'il était».