Los Angeles, Bruxelles, Pékin, l'humour burlesque de Dany Boon voyage plutôt bien. Après avoir exploité les ressorts comiques de l'hypocondrie (Supercondriaque) et de l'avarice (Radin!), l'acteur et réalisateur français se glisse dans la peau d'un flic misogyne dans RAID dingue, son nouveau film qui met en vedette Alice Pol.

Johanna Pasquali est une policière avec une obsession: intégrer l'équipe du RAID, ce groupe tactique qui réunit les meilleurs éléments de la police française. Mais voilà, cette grande femme attachante et déterminée est aussi naïve et maladroite. Façon Pierre Richard, au féminin.

Ce scénario, Dany Boon l'a en tête depuis une dizaine d'années. «Au départ, j'avais envie de faire une comédie d'action avec un personnage maladroit qui se retrouve dans une élite de police par accident, nous dit Dany Boon. J'avais écrit quelques pages, mais il me manquait une petite étincelle...»

Le déclic, il l'a eu en tournant avec Alice Pol dans son film Supercondriaque. «Je me suis dit que ce serait plus intéressant que le personnage soit féminin et qu'elle intègre un milieu masculin. En plus, Alice a une nature comique assez forte, et elle est aussi drôle (et maladroite!) dans la vie qu'à l'écran.»

Après avoir été plusieurs fois refusée dans le RAID, Johanna Pasquali (Alice Pol) perd espoir. La jeune femme, gaffeuse, finit par être suspendue après avoir aidé (involontairement) des braqueurs à prendre la fuite - on nage ici sans complexes dans l'humour slapstick des films Police Academy!

Mais pistonnée par son père (Michel Blanc) - qui est ministre de l'Intérieur -, le vent tournera pour elle. Joe se retrouvera dans le camp des recrues, dirigé par Eugène Froissard (Dany Boon), qui multipliera les commentaires désobligeants sur les femmes en général et sur elle en particulier.

Évidemment, dans l'intrigue imaginée par Dany Boon, il y a des vilains. Un groupe surnommé les Léopards, responsable des braquages de la ville. Yvan Attal incarne le chef de ce groupe - que le RAID tentera de démasquer malgré les maladresses de Johanna Pasquali!

Du burlesque... réaliste

Hommage à Jean-Paul Belmondo ou à Pierre Richard, Dany Boon n'hésite pas à recourir à cet humour slapstick, très physique, en prenant soin de l'insérer dans un cadre plus classique de la comédie d'aventure. «Ce que j'aime avant tout, c'est raconter des histoires, mais je pense que les comédies doivent être visuelles.»

L'approche burlesque de Dany Boon ne l'empêche pas d'être très rigoureux dans ses recherches. À preuve, le cinéaste a rencontré les têtes dirigeantes du vrai RAID par souci de réalisme. Certaines scènes ont même été tournées dans leur QG. 

«Je trouve que le réalisme donne de la profondeur et de l'humanité à la comédie. Ça donne une qualité au rire.»

Bref, des scènes crédibles qui se mêlent à des scènes improbables, c'est sur ce fil qu'aime marcher Dany Boon.

«C'est une histoire de conventions, nous dit-il. Le piston du père, qui pense protéger sa fille et qui est sûr qu'elle finira par se décourager, m'a permis d'aller très loin. Après, oui, il y a peut-être des scènes plus improbables, notamment dans le chantage du ministre avec le RAID, mais ça fait partie aussi de la comédie.»

Toujours au nom de ce souci de réalisme, Dany Boon a pris la peine de se muscler les abdominaux afin d'incarner l'agent Froissard. Impossible d'y échapper.

«J'attendais la question, laisse-t-il tomber, un sourire dans la voix. J'ai bossé pendant six mois, en ne faisant aucun écart. Un régime strict, du sport, de la muscu. Ma femme a bien essayé de me faire manger des sucreries pendant que je dormais, mais ça n'a pas marché. Je me suis accroché et j'ai été très sérieux, ce qui m'a permis d'avoir ce corps absolument incroyable...»

L'humoriste n'est jamais très loin derrière l'acteur... «Il faut que je retrouve mon corps de comique maintenant», conclut-il.

Critique contre box-office

Ses films, toujours très populaires - RAID Dingue a déjà franchi le cap du million d'entrées en France, sans oublier les 20 millions d'entrées pour Bienvenue chez les Ch'tis -, sont pourtant régulièrement écorchés par la critique. Comment le cinéaste compose-t-il avec ça?

«D'abord, je reçois aussi de très bonnes critiques, fait-il remarquer - j'ai même reçu un prix des journalistes pour mon dernier one man show! Mais bon, je ne dirai jamais de mal des journalistes, je respecte leur travail. Ce qui compte, c'est la réaction du public. Il faut dire qu'il y a des journalistes pour qui c'est un sport de dégommer les comédies populaires, mais en général, je ne trouve pas la critique trop violente...»

L'acteur, scénariste et réalisateur, qui vit à Los Angeles depuis quelques années, planche déjà sur son prochain film, Une jolie ch'tite famille, qui sera tourné à Paris et dans le nord de la France cet été.

Le scénario que Dany Boon a commencé à écrire en 2011 raconte l'histoire d'un designer et architecte parisien réputé (qu'il interprétera), qui a toujours menti sur ses origines prolétaires ch'tis. À la suite d'une série de quiproquos, sa mère, son frère et sa belle-soeur débarqueront à son vernissage en croyant qu'il s'agit de la fête des 80 ans de sa mère.

Line Renaud et Valérie Bonneton font partie de la distribution. La sortie est prévue en France pour février 2018.

D'ici là, Dany Boon accompagne le cinéaste espagnol Fernando León de Aranoa dans le montage de son film Escobar, dont il est le producteur exécutif. Le film, qui raconte l'histoire d'amour d'une journaliste et du baron colombien de la drogue Pablo Escobar, met en vedette Penélope Cruz et Javier Bardem. Le film sortira d'ici la fin de l'année.

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RAID dingue prend l'affiche le 21 avril.

photo fournie par AZ Films

Dans RAID dingue, Dany Boon partage la vedette avec Alice Pol, qui incarne une policière maladroite mais déterminée à se joindre au RAID.