Simon Pegg, à titre de coscénariste, et Justin Lin, à celui de réalisateur, ont pris les commandes de Star Trek Beyond - troisième volet du reboot amorcé par J.J. Abrams dans Star Trek et Star Trek Into Darkness - avec pour mission de rendre hommage à la série originale, créée par Gene Roddenberry, qui célèbre cette année ses 50 ans.

Ils l'ont fait. Ce, dès les premières secondes du long métrage, alors que le capitaine James T. Kirk (Chris Pine) indique que l'équipage du U.S.S. Enterprise est dans l'espace depuis un peu plus de deux ans et demi. Le chiffre exact: 966 jours. Or, Star Trek est apparu au petit écran en septembre 1966. Le 9 du 9mois de 1966, pour être plus précis.

«Nous avons voulu créer un hybride entre un épisode de la série originale et un événement cinématographique», a indiqué Simon Pegg - qui a travaillé au scénario avec Doug Jung tout en reprenant pour la troisième fois son rôle de Scotty - lors de rencontres de presse tenues à Los Angeles.

«Pour cela, poursuit-il, il fallait embrasser une mythologie déjà existante, tout en s'assurant que les nouveaux venus dans cet univers ne s'y sentent pas perdus. C'était comme marcher sur une ligne mince. Tomber d'un côté ou de l'autre, c'était s'aliéner une grande partie du public. Nous étions toujours conscients du précipice au-dessus duquel nous évoluions.»

Bref, satisfaire les fans de longue date - cinq décennies, ce n'est pas rien - autant que les néophytes.

«Star Trek est un univers inclusif, en fiction, mais aussi en faits», affirme Simon Pegg, coscénariste et acteur.

Races et nationalités se côtoient en effet depuis toujours sur le pont de l'Enterprise et au sein de la Fédération des planètes. Ce qui était quasi révolutionnaire en 1966.

Le premier baiser interracial jamais présenté à la télévision n'est-il pas celui qu'ont échangé Jim Kirk (William Shatner) et Uhura (Nichelle Nichols)? Parlant d'Uhura, un officier de race noire et de sexe féminin, surprenant pour l'époque, non? Et que dire de l'audace d'avoir placé, en pleine guerre froide, un navigateur russe (Chekov, autrefois Walter Koenig; aujourd'hui incarné par le regretté Anton Yelchin) et un pilote d'origine asiatique (Sulu, autrefois George Takei; maintenant Jon Cho) aux commandes d'un vaisseau spatial tout droit tiré de l'imaginaire américain?

Famille éclatée

Bref, peu importe les origines, le sexe et même l'orientation sexuelle (on a fait grand cas de celle de Sulu qui, découvre-t-on dans ce nouvel opus, élève sa fille avec un partenaire du même sexe), la famille Star Trek embrasse tout et tous.

Une famille que Star Trek Beyond met à rude épreuve. Elle est, ici, assaillie, blessée. Éclatée.

L'Enterprise est en effet attaqué. Il s'écrase sur une planète hostile. Ses membres sont dispersés. «J'ai d'abord détesté l'idée. La destruction de l'Enterprise, on l'avait déjà vue dans The Search for Spock, dans Generations. Ce n'était pas nouveau», fait Simon Pegg. Jusqu'à ce qu'il comprenne les intentions de Justin Lin: en enlevant le vaisseau, on coupait les membres de l'équipage de leur «tissu conjonctif», de ce qui nécessite, pour la survie de tous, qu'ils travaillent ensemble. «Vous arrachez cela de façon brutale et dramatique. Puis, vous observez s'ils vont se retrouver, se regrouper.»

Des tandems improbables sont ainsi formés, obligeant des personnalités diamétralement opposées à s'épauler. Il y a là des échos télévisuels: les différentes séries comptent, dans leurs saisons, des épisodes à distribution restreinte où deux ou trois personnages, isolés du groupe, devaient faire front commun.

Ici, McCoy (Karl Urban) doit prendre soin de Spock (Zachary Quinto), gravement blessé dans l'écrasement de leur navette. «Que ces deux personnages historiques de la franchise dépendent ainsi l'un de l'autre, avec leurs points de vue différents sur tout... Je pense qu'il n'y a rien de plus amusant que de les voir dans cette situation, sans Kirk pour tempérer les choses», dit en souriant Zachary Quinto.

L'ennemi

Autre écho du passé: Kirk attaqué et attaquant un autre «capitaine», l'infâme Krall (Idris Elba), responsable de la perte de l'Enterprise. «Nous devions trouver un méchant digne de Kirk, qui soit comme son double sombre, mais qui soit aussi capable de servir de véhicule aux grands thèmes de la série. Sans entrer dans les détails [pour éviter les divulgâcheurs], Krall porte des éléments de fond qui le lient à la mythologie "startrekienne"», souligne Doug Jung.

Pour combattre cet implacable ennemi, encore un clin d'oeil (assumé) au passé : un peu comme le chant des baleines a permis de sauver la Terre du futur dans The Voyage Home, une menace technologiquement terrifiante est, ici, combattue par «quelque chose de très ancien, une technologie analogique». «Nous aimions cette idée», s'amuse Simon Pegg.

Et il a un plaisir tel, tant au clavier que devant la caméra - ses scènes en compagnie de Sofia Boutella (Jaylah, qui est pour Star Trek Beyond ce que Rey est pour Star Wars: The Force Awakens) sont délirantes -, qu'il est facile de le croire quand il assure être prêt pour 50 autres années de Star Trek.

«Nous, en tout cas, continuerons tant que nous ne serons pas vieux et dépassés... même si certains d'entre nous le sont déjà», pouffe-t-il. Car, à ses yeux, le message de cette franchise - «nous sommes meilleurs ensemble» - n'est pas à la veille de l'être. Dépassé. «Star Trek, conclut d'ailleurs Zachary Quinto, reste, dans la culture populaire du divertissement, un flambeau d'inclusion et de pensée progressiste.»

Incarnant cela, Yorktown. Cette mégalopole de l'espace mise en danger dans Star Trek Beyond, où se côtoient en harmonie races et espèces. Elle est aussi spectaculairement belle qu'émouvante.

L'image aurait plu à Gene Roddenberry.