À l'instar de Jake Gyllenhaal et Naomi Watts, vedettes de Demolition, les plus belles pointures hollywoodiennes n'hésitent pas à accorder leur confiance à Jean-Marc Vallée. La réputation du cinéaste québécois dans la capitale du cinéma est l'une des plus enviables du moment.

Matthew McConaughey et Jared Leto peuvent se vanter d'avoir un Oscar dans leur collection de trophées grâce à leurs remarquables interprétations dans Dallas Buyers Club

Reese Witherspoon a décroché sa deuxième invitation au grand bal grâce à sa performance dans Wild. L'actrice a tellement été ravie de son expérience qu'elle n'a pas hésité à solliciter Jean-Marc Vallée de nouveau pour réaliser Big Little Lies, une série de prestige qu'elle produit pour la chaîne spécialisée HBO, dans laquelle elle tiendra la vedette aux côtés de... Nicole Kidman.

Le cinéaste québécois amorcera ensuite le tournage d'une autre série prestigieuse, intitulée Sharp Objects, dont la tête d'affiche, cette fois, est Amy Adams. Avec cette dernière, Jean-Marc Vallée entretient aussi toujours le projet de tourner Janis - Get it While You Can, un long métrage construit autour de la vie de Janis Joplin.

Au cours d'un entretien récemment accordé à La Presse, le cinéaste s'est mis à sourire quand il a été question de l'affection tangible que les acteurs semblent lui porter.

«Je crois tout simplement qu'ils savent que pendant le tournage, je vais me concentrer sur eux.»

«Je n'essaie pas de faire du style, même si j'aime travailler la forme aussi, explique le réalisateur. Je prends ensuite beaucoup de plaisir à rassembler tous les éléments à l'étape du montage, travailler le son, ajouter la musique et tout ça.

«Cela dit, poursuit-il, mon premier objectif est de bien raconter une histoire. Cela passe forcément par les acteurs. Je fais souvent des longs plans parce que j'ai confiance en ce qu'ils font. Je n'interviens pas. Je crois qu'ils aiment ça. Pourquoi je couperais leurs performances alors qu'elles se révèlent souvent sublimes?»

Détruire pour mieux reconstruire

Dans Demolition, Jake Gyllenhaal se glisse dans la peau de Davis, un financier dont la vie bascule en un instant. La femme qu'il aime, qui conduisait la voiture dans laquelle il se trouvait aussi, n'a pu être sauvée de l'accident dans lequel ils ont été impliqués.

Le deuil et le sentiment de culpabilité ont pour effet de soustraire complètement cet homme à ses émotions. Devenu insensible à tout, il doit même parfois prendre des mesures un peu extrêmes pour se convaincre de pouvoir ressentir quelque chose.

Le soir même de la mort de sa femme, Davis commence une relation épistolaire inusitée. La friandise commandée dans une machine à l'hôpital étant restée coincée, l'homme porte plainte à l'entreprise. Étonnamment, la préposée à la clientèle (Naomi Watts) est réceptive à ses doléances. Parallèlement, l'homme se met aussi à détruire physiquement tout ce qu'il peut. Quitte à aller apprendre d'abord sur les chantiers comment on démolit une maison.

«Le plus drôle, c'est que la mise en scène des 30 premières minutes du film est en parfaite contradiction avec ce que je viens de dire!, indique le cinéaste. J'ai dû monter toute cette partie comme un film d'action. Les circonstances font en sorte que le spectateur ne doit pas avoir le temps de penser ni de juger le personnage. Comme son personnage ne ressent rien, Jake doit jouer poker face au début. L'émotion surgit plus tard. Mon rôle consiste alors à trouver comment je peux l'aider à jouer ça.»

Une proposition particulière

Aux yeux du cinéaste, qui s'est beaucoup reconnu dans le scénario de Bryan Sipe, ce projet de film ne relevait pas du tout de l'évidence. Il fallait trouver le ton et la bonne manière pour aborder avec un grand souci de réalisme une histoire qui emprunte des allures de métaphore.

«Nous avons envoyé le scénario à plein d'acteurs en même temps et nous avons eu beaucoup de réponses négatives, fait remarquer Jean-Marc Vallée. Visiblement, quelque chose leur faisait peur. Heureusement, Jake a répondu favorablement et il a abordé le personnage de façon viscérale, avec toute la passion et le talent qu'on lui connaît. Demolition est une proposition de cinéma particulière, mais Jake n'a pas craint de plonger, au contraire. Voilà un gars qui aime les grands défis.»

Aussi la mise en scène s'est-elle construite de façon intuitive, au fil d'un tournage qui s'est entièrement déroulé à Manhattan.

«Les acteurs de cette envergure ont déjà tellement tourné qu'ils savent par expérience que le bon travail passe obligatoirement par une bonne relation entre un acteur et un réalisateur. J'essaie de créer un environnement propice pour qu'ils se sentent bien, pour qu'ils se sentent libres.»

Demolition prendra l'affiche le 8 avril en version originale et en version doublée en français.

PHOTO FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Demolition est une proposition de cinéma particulière, soutient le réalisateur Jean-Marc Vallée. «Jake [Gyllenhaal] n'a pas craint de plonger, au contraire. Voilà un gars qui aime les grands défis.»