Dans la comédie romantique Ange et Gabrielle, Patrick Bruel donne la réplique à Isabelle Carré. Entrevue.

Q: Qu'est-ce qui vous a plu dans ce scénario d'Anne Giafferi?

R: J'ai trouvé ça charmant. Très bien écrit, très drôle, très émouvant. C'est un scénario qui pose de jolies questions sur la paternité, le refus de la paternité, le couple aussi, l'engagement, la capacité à s'ouvrir, à se laisser aimer et à aimer. Le film aborde une question psychologique: est-ce que mon personnage d'Ange laissera son fils reproduire le schéma qui lui a été imposé? Je trouve ça intéressant.

Q: C'est la première fois que vous jouez avec Isabelle Carré?

R: Oui. Le plus drôle, c'est que je l'avais vue dans une émission télé (Le grand échiquier) il y a très longtemps. Elle avait 16 ans, elle étudiait en art dramatique et elle avait joué une scène où je l'avais trouvée incroyable. Quelques mois plus tard, Bernard Pivot, qui me consacrait une émission spéciale, m'a demandé si je voulais inviter des artistes, de jeunes talents, et j'ai demandé qu'Isabelle soit là. Mais je ne l'ai jamais revue après! Jusqu'au tournage d'Ange et Gabrielle.

Q: Ça tombe bien, parce qu'il faut qu'il y ait une connivence entre les deux personnages pour que le duo fonctionne, non?

R: Absolument. Il faut beaucoup d'empathie. On peut tourner avec une personne avec laquelle on s'entend moyennement. Surtout si le film se tient bien. Les gens n'y voient que du feu, on fait la promotion, on dit qu'on s'est adorés et puis voilà. Mais je crois que dans ce film, il fallait un supplément d'âme.

Q: Vous avez dit que votre personnage était aux antipodes de qui vous êtes... Que voulez-vous dire?

R: C'était surtout dans la relation de mon personnage avec la paternité. Ce côté célibataire endurci, qui refuse de laisser quelqu'un entrer dans sa vie, ça a pu être mon cas à un certain moment, mais ça n'a pas duré. L'arrivée de mes enfants dans ma vie (aujourd'hui âgés de 10 et 12 ans) a tout bouleversé. Je suis une vraie mère juive avec eux.

Q: On a l'impression que les hommes jouent leur rôle de père comme jamais auparavant. Croyez-vous que le thème de l'abandon est encore très actuel?

R: Malheureusement, oui. S'il y a des pères admirables avec leurs enfants, il y en a beaucoup encore qui passent à côté. Mon propre père est parti quand j'avais 1 an... Je l'ai revu quelques fois, sporadiquement, mais je me suis construit là-dessus. Donc, c'est sûr que le scénario d'Anne touche une corde sensible.

Q: Il s'agit d'une comédie romantique assez prévisible, sur quoi avez-vous misé pour capter l'intérêt du spectateur?

R: Bien sûr que c'est prévisible. Dès qu'on voit l'affiche, on sait comment ça va se terminer. Ce qui est intéressant, c'est comment on va y arriver. Comment ces deux êtres qui sont aux antipodes vont se rencontrer. Chacun a un instinct de survie et chacun voit dans l'autre une manière de démarrer quelque chose de nouveau. Mon personnage sent qu'elle peut lui sauver la vie. Et c'est ça, l'amour. C'est rencontrer quelqu'un qui peut vous sauver la vie, vous la rendre plus belle, plus forte.