Le message environnementaliste contenu dans Point Break a trouvé une grande résonance chez Édgar Ramírez. Le tournage de ce film a même carrément changé sa perception de la vie.

Le premier coup d'accélérateur est venu de Carlos. Cet excellent film d'Olivier Assayas, aussi diffusé sous la forme d'une minisérie à la télé, a révélé Édgar Ramírez au public francophone et international il y a cinq ans. Celui qui, après des études en journalisme, a vécu un temps à Montréal à l'orée de l'an 2000 (où il a pu prendre contact avec la langue de Molière) a ensuite été beaucoup sollicité pour des rôles au cinéma.

L'acteur vénézuélien, fils de diplomate, a notamment été la vedette de Libertador, film d'Alberto Arvelo dans lequel il prêtait ses traits à Simón Bolívar. Au début de l'année, ce drame historique a d'ailleurs fait partie de la « courte liste » des films toujours en lice pour l'Oscar du film en langue étrangère. On verra aussi bientôt Édgar Ramírez dans Hands of Stone, un drame sportif dans lequel il incarne le boxeur panaméen Roberto Durán. En 1980, ce dernier a notamment livré un combat épique à Sugar Ray Leonard au Stade olympique de Montréal.

En ce moment, on peut aussi voir le comédien dans le nouveau film de David O. Russell, Joy. Toutes ces oeuvres occupent bien entendu une place particulière dans le coeur d'un acteur qui a la réputation de s'investir entièrement dans un projet. Mais selon lui, Point Break relève davantage de l'expérience de vie que du simple tournage d'un film.

« On a fait un film "vert", expliquait l'acteur au cours d'un entretien accordé récemment à La Presse. Nous avons tourné dans des endroits magnifiques. Quand tu es témoin de la beauté majestueuse de la nature, tu en sors changé à jamais. Je ne sais pas si j'aurai l'occasion de revoir ces endroits un jour ou si je ressentirai les mêmes choses. J'ai l'impression que ce genre d'expérience ne peut arriver qu'une fois dans une vie. »

UN APPEL INATTENDU

De surcroît, cette chance est survenue de façon assez inattendue. Alors qu'il venait à peine de terminer le tournage - exigeant - de Hands of Stone au Panama, l'appel des producteurs de Point Break s'est fait entendre. Le désistement de Gerard Butler à peine deux mois avant le début du tournage faisait en effet en sorte qu'un autre acteur devait vite prendre le relais pour incarner Bodhi, le personnage de surfeur qu'avait créé Patrick Swayze à l'écran en 1991.

« On m'a demandé de lire le scénario très vite, moi qui, habituellement, aime bien prendre le temps de mesurer les choses, fait-il remarquer. Point Break ? Bodhi ? OK. D'autant que j'étais déjà très fan de l'original. Détail amusant, des amis m'ont un peu appris à faire du surf il y a deux ans. À mi-chemin de la lecture, je constate qu'il est question du Salto Ángel au Venezuela. Je n'y suis pour rien, c'est déjà là ! C'est dire qu'il y avait déjà plein de signes pour me convaincre. Le lendemain, je me suis envolé vers Los Angeles pour discuter avec le réalisateur Ericson Core. Nous nous sommes tout de suite bien entendus. »

Très vite, Édgar Ramírez s'est donc retrouvé aux quatre coins du monde, à tourner dans quelques-uns des endroits les plus spectaculaires - et les plus dangereux - de la planète. Le Bodhi de la version 2015 n'est plus « seulement » un champion de surf. Il excelle maintenant dans pratiquement tous les sports extrêmes possibles et imaginables.

« Je savais que le film serait exigeant sur le plan physique, car Ericson voulait emprunter une approche plus "vieille école", précise l'acteur. Les cascades seraient le fait de véritables experts qui maîtrisent leur discipline. Le but était d'atteindre le plus haut degré de réalisme possible. Comme j'ai dû plonger très vite, je n'ai pas pu disposer d'autant de temps de préparation que je l'aurais souhaité. J'ai ajusté mon entraînement au fur et à mesure, selon la scène que nous nous apprêtions à tourner. Heureusement, j'étais encore en forme grâce à Hands of Stone. J'avais déjà de bonnes jambes. Il le fallait pour le surf, l'escalade, et tout ça. »

DES ENDROITS SPECTACULAIRES

Le comédien indique qu'à cet égard, tout le monde est allé aussi loin que possible, tout en s'assurant que les mesures de sécurité étaient rigoureusement respectées.

« Dans un environnement comme celui-là, on ne peut rien prendre à la légère, dit-il. Il est important de suivre le protocole établi. D'ailleurs, cela ne valait pas seulement pour le tournage des scènes d'action. On devait faire constamment attention. Quand on se retrouve au sommet du Salto Ángel, la plus haute chute du monde, la géographie même de l'endroit n'est pas évidente. Il y a plein d'obstacles qu'il faut contourner pour se rendre d'un point A à un point B, sans parler de la falaise, juste à côté. Ericson a dit que nous faisions davantage une expédition qu'un film. C'est très juste. »

Comme dans le film original, les personnages de cette nouvelle mouture de Point Break transgressent la loi au nom de la justice sociale. À cela s'ajoute cette fois un militantisme pur et dur pour la cause environnementale.

« Les personnages ont une relation très intime avec la nature, fait valoir l'acteur. Ce n'est pas que l'être humain en général soit foncièrement diabolique et qu'il veuille détruire la planète de façon consciente. Mais notre mode de vie fait en sorte que nous avons pris beaucoup de distance avec la nature depuis l'industrialisation de nos sociétés. Nous avons tendance à protéger seulement les choses avec lesquelles nous entretenons un lien émotif.

« Quand on vit dans un environnement où tout ce qu'on consomme comme nourriture provient d'un supermarché, poursuit-il, il est évident que si on entend parler d'une coupe forestière qui est pratiquée loin de chez soi, on a l'impression que ça ne nous touche pas directement. J'avoue que le tournage de ce film a stimulé ma sensibilité environnementale encore davantage. »

Peu importe la carrière qu'aura ce Point Break version 2015, Édgar Ramírez sort ravi de son expérience.

« Quand on m'a montré le film terminé, vraiment, je n'en croyais pas ma chance. C'est extraordinaire d'avoir eu l'occasion de tourner dans tous ces endroits. Cela m'est même difficile d'en parler sur le plan cinématographique parce que pour moi, ce film fut d'abord et avant tout une expérience profonde sur le plan humain. »

Point Break (Extrême limite en version française) est présentement à l'affiche.

LUKE BRACEY : COMME UNE ÉVIDENCE

Né en 1989 dans une banlieue de Sydney en Australie, Luke Bracey a appris à faire du surf avant même d'apprendre à marcher. « Mon père a participé à un concours de surf mondial dans les années 60 et il a gagné ! raconte fièrement l'acteur pour expliquer la précocité de sa maîtrise du sport. Mais j'aurais préféré faire carrière dans le rugby. À 18 ans, je suis allé passer une audition pour un téléroman et on m'a embauché. Tout a commencé là. »

Quelques années plus tard, le jeune homme se retrouve à tenir l'affiche de la nouvelle version de Point Break, où il reprend le rôle de Johnny Utah, un personnage mythique à ses yeux, créé il y a 24 ans par Keanu Reeves. « J'ai grandi avec le film original, dit-il. Que j'ai vu je ne sais combien de fois. Je connaissais déjà le personnage à l'envers et à l'endroit. Je voulais ce rôle à un point tel qu'ils auraient pu me demander n'importe quoi, je l'aurais fait ! Je me suis consacré à ce film pendant six mois de façon très intensive. C'était formidable ! »

Vu jusqu'ici dans des seconds rôles (G.I. Joe - Conspiration, The November Man), Luke Bracey accède maintenant à un niveau supérieur. Il vient en outre de terminer le tournage de Hacksaw Ridge, un film dont Mel Gibson signe la réalisation. Teresa Palmer, Vince Vaughn et Andrew Garfield en sont les autres têtes d'affiche.

Photo Mario Anzuoni, Reuters

Amené à tourner aux quatre coins du monde dans des endroits spectaculaires, l’acteur Édgar Ramírez se dit « changé à jamais » par la « beauté majestueuse de la nature ».