Alors que sort aujourd'hui en France le film Enragés dans lequel elle joue un petit rôle, Gabrielle Lazure a la tête au théâtre. C'est que la comédienne québécoise établie dans l'Hexagone depuis 35 ans écrit une pièce dont la source est sa jeunesse vécue à Montréal. La Presse l'a rencontrée.

Un ciel bleu sans nuage règne au-dessus de Paris en cette toute première Journée sans voiture. Assise seule à la terrasse d'un restaurant du 3e arrondissement où elle nous a donné rendez-vous, Gabrielle Lazure, amusée, regarde passer un attroupement de centaines d'adeptes de patins à roues alignées.

Il y a autre chose, ces jours-ci, qui occupe son esprit: ses années de jeunesse passées à Montréal. À l'entendre parler, on les devine assez tumultueuses.

La comédienne a décidé de revisiter cette période de sa vie pour en extraire des mots, des images, des scènes qui deviendront sous peu Majorette, un spectacle solo qu'elle compte présenter en janvier au studio du Théâtre Hébertot, boulevard des Batignolles, dans le 17e arrondissement, à Paris.

C'est en travaillant sur un court métrage, Marie madeleine de Steve Catieau, que le goût de faire ce travail lui est venu.

«Lui et moi, nous nous sommes bien entendus, expose-t-elle. Il m'écoutait raconter des histoires sur mon adolescence et m'a dit que je devais en faire un spectacle. Ma première réponse a été de dire que j'aurais dû le faire dans les années 80. Il m'a dit qu'au contraire, avec le recul, il est intéressant de s'y plonger maintenant.»

Fille d'une mère psychologue américaine et d'un père psychiatre et homme politique québécois (Denis Lazure), la comédienne ne cache pas que certains passages de son adolescence sont plutôt déjantés.

«Ma mère était comme un genre de gourou, très Nouvel Âge avant l'heure», raconte Gabrielle Lazure, mère d'une adolescente de 15 ans. «Dans le spectacle, le personnage de ma mère va me passer une baguette magique pour pardonner aux gens de mon passé, tourner la page, etc. Cette baguette sera mon seul accessoire sur scène. C'est comme si elle me donnait un pouvoir surnaturel d'un seul coup.»

En riant, Gabrielle Lazure explique qu'elle va aussi montrer ses talents de majorette. «On comprendra peut-être pourquoi je n'ai pas été prise dans l'équipe de l'école Westmount High lorsque j'étais jeune [un fait réel!]. Ce n'était pas parce que je portais un appareil dentaire, peut-être plus parce que je ne savais pas tourner le bâton.»

Et, ô drame, à l'époque, être majorette était un accès garanti aux amours de jeunesse. «T'es pas une majorette, t'as pas de mec», résume la comédienne.

Elle est heureuse d'avoir écrit la pièce avec un auteur. «Comme c'est très personnel, c'était plus facile de travailler avec quelqu'un que de faire cela toute seule. Et c'est thérapeutique. Je revisite des moments de ma vie qui ont été un peu traumatisants.»

Gabrielle Lazure, qui ne cache pas avoir maintenant une carrière plus au ralenti, dit fonder «beaucoup d'espoir» dans ce spectacle. «Comme je me livre pas mal là-dedans et comme, dans le métier, beaucoup de gens m'imaginent comme quelqu'un d'assez lisse, ils vont découvrir une autre personnalité [rires]. Si je peux le comparer à des choses que j'ai vues ici, ce serait le premier spectacle de Maïwenn qui s'appelait Le pois chiche, où il était question de sa mère, ainsi que le film Camille redouble [Noémie Lvovsky] que j'avais bien aimé.»

Enragés 

Les cinéphiles français peuvent par ailleurs voir Gabrielle Lazure dans Enragés, coproduction France/Québec mettant en vedette Lambert Wilson, François Arnaud, Virginie Ledoyen, Guillaume Gouix, Franck Gastambide et Laurent Lucas. L'oeuvre d'Éric Hannezo a été tournée au Québec il y a un an.

«Le film commence avec un braquage qui tourne mal, résume Mme Lazure. En cavale, les traqueurs vont prendre possession d'une voiture dans laquelle se trouvent les personnages de Lambert Wilson et de sa fille. Tous vont s'arrêter dans un village où ils seront bloqués. C'est là qu'ils rencontrent Maria [son personnage], une femme qui vit avec sa mère handicapée. Elle ouvre gentiment la porte aux braqueurs sans se rendre compte à qui elle a affaire. Elle ne va pas s'en porter pour le mieux!»

La comédienne indique avoir eu le grand bonheur de tourner au Québec et de retrouver Lambert Wilson avec qui elle avait tourné un téléfilm (Ce fut un bel été de Jean Chapot) en 1982.

On la verra aussi dans le film La robe bleue d'Igor Minaev et dans le court métrage Marie madeleine de Steve Catieau.