La comédie romantique Preggoland, présentée au TIFF en septembre dernier, sortira enfin sur nos écrans. Le film réalisé par Jacob Tierney (Good Neighbors, The Trotsky) met en vedette l'actrice canadienne Sonja Bennett dans le rôle d'une trentenaire célibataire de banlieue.

Le scénario de Sonja Bennett, qui défend le rôle principal de Ruth dans la comédie romantique Preggoland, est plutôt divertissant. La célibataire dans la mi-trentaine qui a un penchant pour l'alcool et le tabac, entre autres, habite toujours la maison de banlieue de son père, travaille comme caissière dans une épicerie et vit au jour le jour une vie sans responsabilités.

En revanche, tout le monde autour d'elle est en couple. Ses trois meilleures amies, qui ont toutes des enfants, en ont marre de ses frasques. Elles finissent par l'exclure à la suite d'un incident.

Au même moment, sa soeur «retire son gardien» pour tenter elle aussi l'aventure maternelle. Lasse d'être le mouton noir, mais surtout inquiète de voir s'éloigner ses amies, elle prétendra être enceinte... Le regard des autres changera du tout au tout.

Jacob Tierney, comment avez-vous mis la main sur ce scénario et qu'est-ce qui vous a donné envie d'en faire un film?

Je connaissais déjà Sonja comme actrice. Je suis un vrai fan! On a travaillé ensemble sur un projet-pilote [Job], c'est une actrice que je trouve magnifique. Lorsqu'elle m'a soumis son texte, je l'ai lu avec plaisir. Et j'ai adoré l'histoire qu'elle racontait. J'aimais l'idée de cette fille qui ne parvient pas à se conformer aux attentes de ses amies.

Tout comme son personnage, Sonja Bennett a 35 ans. Est-ce qu'elle s'est inspirée de sa vie de célibataire pour écrire ce scénario?

C'est tout le contraire, en fait. Elle est mariée, elle a deux enfants. Mais elle a grandi dans une banlieue de la région de Vancouver, Maple Ridge. Lorsqu'elle est tombée enceinte la première fois, elle n'en revenait pas à quel point les gens étaient gentils et polis avec elle. Comment le regard que posaient les autres sur elle changeait. Elle est partie de là pour écrire son scénario.

Le film a été tourné dans la banlieue de Maple Ridge. C'était vraiment important de situer la comédie là-bas?

Oui. C'est un film sur la vie en banlieue. Pour moi, c'était clair que le caractère des personnages devait correspondre à cette vie-là. Sonja a été vraiment un bon baromètre pour trouver le ton juste, pour que ce ne soit pas trop caricatural non plus. On retrouve toute l'imagerie de la banlieue. Il y a un ton qui se rapproche un peu de la série Weeds.

C'est une comédie romantique qui s'adresse quand même beaucoup aux femmes, non?

Pas nécessairement. Tous ceux qui ont vécu en banlieue risquent de se reconnaître dans le film. Mais pas seulement eux. Moi, j'ai grandi en ville et je n'ai pas d'enfants, mais j'ai 35 ans et je reconnais beaucoup de mes amis là-dedans. Les gens se marient, ont des enfants, et leur vie change. Je n'ai aucune difficulté à m'identifier à «celui qui n'a pas d'enfants».

La pression n'est-elle pas moins forte aujourd'hui pour avoir des enfants?

Je crois que c'est universel. Toutes les femmes ont toujours eu de la pression pour avoir des enfants. Aujourd'hui, la pression est peut-être moins forte, mais ça dépend toujours de ton milieu, de tes parents, de ta culture, ça peut être une pression ténue...

La distribution est solide. Vous avez mis la main sur James Caan. Comment dirige-t-on un acteur de cette trempe?

Quand j'étais plus jeune, j'ai joué dans le film This Is My Father qui avait été tourné à Montréal et en Irlande. James interprétait le rôle de mon oncle. Donc je le connaissais et je voulais qu'il incarne mon père. Je pense que ce n'est pas souvent qu'on lui offre un rôle comme ça. Celui d'un homme doux qui n'a pas besoin de tuer qui que ce soit... Il est vraiment bon et il a rendu son personnage crédible.

La comédie n'est jamais très loin du slapstick (farce). Est-ce que c'est quelque chose que vous assumez?

Oui, c'est sûr que c'est une comédie très physique, à cause de l'aspect physique de l'histoire, où il est question d'une grossesse. Notre objectif n'était pas de faire du slapstick, mais on a quand même eu du plaisir à jouer certaines scènes de façon moins subtile. J'ai quand même l'impression de ne pas avoir franchi cette ligne pour créer des moments plus émouvants - qui étaient dans le scénario.

À quoi reconnaît-on votre marque dans ce film?

C'est difficile à dire. Mais mes quatre films ont ceci en commun qu'ils trouvent leur ton grâce au personnage principal, comme Leon dans The Trostsky. Dans Preggoland, c'est Ruth. C'est un personnage qui aurait pu ne pas être pris au sérieux ou déplaire aux gens, mais mon pari est que vous allez finir par l'aimer parce que moi, j'ai de l'empathie et de la compassion pour elle. Je n'ai jamais voulu me moquer d'elle. Même si c'est une comédie, je vais toujours sacrifier une blague pour un moment de vérité. C'est ce que j'ai tenté de faire.

Preggoland prend l'affiche le 1er mai.