Patrick Gazé voulait faire son premier long métrage depuis longtemps. Mais il avait toujours d'autres chats à fouetter: une série de documentaires par-ci, un court métrage par là. Puis est arrivée cette histoire. Celle d'un chauffeur de taxi amoureux qui se fait détective amateur pour percer le terrible secret de sa nouvelle flamme.

«J'ai fini mes études en cinéma en 1997. Chaque année, je pensais que mon film, je le ferais l'année suivante, que ça allait enfin arriver. Je n'ai jamais manqué de travail. Mais après mon court métrage Mon nom est Victor Gazon, je me suis dit: tu n'es plus un jeune créateur. Si tu veux le faire, ton film, il faudrait que tu te bouges!»

ll s'est donc mis à l'écriture. L'histoire lui a été inspirée par son entourage, notamment son père, qui était chauffeur de taxi.

«Je connais bien cet univers du taxi, dit-il. Mon grand-père en a fait, mes oncles en ont fait, et moi aussi, pendant mes études. Le personnage d'André, ce n'est pas mon père, mais il y a certains éléments, dont ce côté amer après une séparation, qui viennent un peu de lui.»

Amour et crime

André, chauffeur de taxi, fait monter une cliente mystérieuse avec qui il tisse une relation amoureuse. Mais il la soupçonne d'être impliquée dans une affaire de crime. De peur de briser leur idylle naissante, il n'ose pas la confronter et décide plutôt de mener une enquête de son côté pour découvrir la vérité. L'histoire d'amour se mêle au polar, d'où le titre du film.

Le cinéaste voulait faire un polar. «Puis, je me suis dit que ce qu'on avait écrit n'était pas un vrai polar. Je n'étais pas assez sûr de mon histoire et je l'ai laissée dans un tiroir pendant trois ans. En la relisant plus tard, j'ai trouvé qu'en fait, ça tenait la route.»

Bon coup

Recruter Roy Dupuis comme acteur principal pour un premier film, c'est ce que l'on peut qualifier de bon coup.

«Dans mon film, je voulais montrer les petites hésitations, les peurs et la vulnérabilité du personnage, alors que Roy Dupuis dégage plutôt de l'assurance. Quand on m'a suggéré son nom pour le rôle, je disais: il est bien trop beau! Mais à partir du moment où il a accepté, j'ai compris que ce contraste entre ce qu'il dégage et les faiblesses du personnage servirait encore mieux l'intention que si on avait un acteur qui inspire déjà son côté vulnérable à la base. Il fait vraiment ressortir le côté humain d'André.»

De son côté, l'acteur admet avoir été séduit par le scénario. «Ce scénario-là me donnait le goût de travailler, dit Roy Dupuis. Des histoires d'amour, parce que c'en est une, j'en ai refusé beaucoup. Mais ce n'est pas juste une histoire d'amour. Il y a bien des éléments qui sont venus me chercher, dont le milieu dans lequel ça évolue. Je comprends mon personnage, j'aime ce qu'il vit.»

Le rôle de Marianne, son amoureuse, est joué par Christine Beaulieu, que l'on a vue notamment dans le film Camion, et qui a déjà joué avec Roy Dupuis dans Mesrine, l'instinct de mort. Les autres rôles sont tenus par Roc Lafortune, Sylvie Boucher et Gildor Roy, entre autres.

Ils ont dit

Christine Beaulieu (Marianne)

«Je trouve que le scénario est écrit de manière très subtile, très fine. On aurait pu penser que ces personnages qui ont des vies difficiles ne donneraient pas de chance à l'amour mais André, malgré les circonstances, pose de beaux gestes d'amour. Et même si c'est un film d'auteur, c'est très accessible à tous, très humain et très sensible. Je pense que même les gens qui ne sont pas de grands cinéphiles peuvent l'apprécier.»

Roy Dupuis (André)

«Ce que je préfère dans ce film-là, c'est qu'il fait éclore une grande passion dans un univers où l'on ne pense pas que ça pourrait arriver. Mon personnage est un gars bien ordinaire qui vit des choses extraordinaires. C'est un gars qui n'a plus vraiment de raison de vivre et qui a besoin d'en avoir une. Il s'en cherche.»

Patrik Gazé (réalisateur)

«Ce que je veux montrer dans mon film, c'est le côté humain, les petites peurs des gens. Le gars, par exemple, qui rencontre une belle fille et qui a peur de coucher avec elle. C'est un premier film, alors j'ai eu le luxe de ne pas me demander à qui ça pourrait plaire et de faire le film que j'avais vraiment envie de faire.»