«Mon fils s'appelle Sébastien à cause de la série», souligne d'emblée le réalisateur québécois.

Des animaux, des enfants et la suite d'un film familial. Tous les ingrédients étaient réunis pour que Christian Duguay refuse de réaliser les deuxièmes aventures de Belle et Sébastien au grand écran. «Je n'étais pas certain quand on m'a approché [...] mais les auteurs m'ont impliqué dans la construction scénaristique pour faire un film qui me ressemble. En France, il y a un grand respect de la mise en scène.»

C'est l'heure du souper et les 100 membres de l'équipe de tournage - dont une équipe de dresseurs d'animaux - sont réunis pour manger sous une tente. Un soleil d'automne radieux vient de se coucher alors qu'ont défilé devant la caméra de Duguay un cortège d'animaux, dont un sanglier, un renard, un hibou et un aigle. Un loup a même causé toute une frousse quand il a foncé sur l'un des quatre chiens qui incarnent Belle.

Dans un décor naturel qui ressemble à celui des Cantons-de-l'Est, le réalisateur a passé la journée les deux pieds dans l'eau, devant un nuage de fumée noir. Le jour de notre visite sur le plateau, il a tourné la descente en radeau de Belle, Sébastien et d'une protagoniste féminine ajoutée à l'histoire originale pour les besoins de la suite. Dans le scénario, le trio tente alors de fuir les flammes d'un incendie de forêt.

Journée épuisante? «Je me suis rarement autant plu à tourner un film», dit plutôt Christian Duguay.

Le réalisateur qui vit entre la France et le Québec s'informe sur la sortie de Mommy de Xavier Dolan et d'Elephant Song de Charles Binamé. Depuis plusieurs années, il enfile de nombreux projets en Europe, notamment des miniséries et films historiques pour la télévision (Cenerentola, Sotto Il cielo di Roma, Coco Chanel). En 2012, il a réalisé son premier film français, Jappeloup - coproduit avec le Canada - , avec Guillaume Canet et Daniel Auteuil.

Avec la suite de Belle et Sébastien, il reste dans le même registre «avec de l'émotion et du souffle». «Je crois que les gens seront assez bluffés avec ce Belle et Sébastien. Le premier film était assez contemplatif. Là, on entre dans l'aventure et dans les rapports humains. Le petit garçon rencontre son père. Il y a de l'action avec un accident d'avion et un feu de forêt.»

Christian Duguay vante le talent d'acteur du jeune Félix Bossuet, qui incarne Sébastien. «Il est extraordinaire. D'un naturel, d'une sensibilité et d'une spontanéité. Il est à l'écoute.»

En France, les lois sont sévères pour les tournages avec des enfants, qui ne peuvent pas tourner plus de trois heures. «Nous avons deux doublures pour Félix et nous avons des précepteurs (instituteurs)», explique le directeur de production Philippe Gautier.

Un premier film à succès

Réalisé par Nicolas Vanier, le premier Belle et Sébastien a connu un bon succès en France avec trois millions d'entrées. Au Québec, le film familial a également obtenu un bon résultat au box-office avec des recettes de 750 000$.

Le budget du film qui sortira à la fin de 2015 se chiffre à plus de 12 millions d'euros. «C'est une grosse production», indique Philippe Gautier.

Le premier mois de tournage a eu lieu dans les Alpes, en Haute-Maurienne, avant de s'installer pour sept semaines dans la région de l'Ain, grâce à la présence du Lac Genin. «Pour moi, c'est une autre façon de travailler avec Christian. Il a une rigueur et un talent technique exceptionnels. C'est le seul réalisateur que je connaisse qui fait la steadicam sur le plateau et qui opère la grue. Cela nous permet d'économiser du temps. Il y a du plaisir sur le plateau et le résultat est là.»

«Christian est un fédérateur et c'est important, poursuit le régisseur Philippe Lenfant, régisseur qui a travaillé pendant de nombreuses années à Montréal. C'est cool de travailler pour quelqu'un qui connaît bien le métier. En France, il y a beaucoup de scénaristes français qui tiennent à réaliser leur film, mais qui n'y connaissent pas grand-chose.»

Sur le plateau, plusieurs membres de l'équipe de tournage ont confié que l'ambiance sur le plateau était nettement plus agréable, rassembleuse et courtoise que sur le premier film de Belle et Sébastien.

La suite pourra compter sur la présence du comédien Thierry Levic, qui incarne le père de Sébastien, «qui a surtout fait de la télévision et peu de cinéma».

Tchéky Karyo, notamment connu au Québec par la génération Conte pour tous pour son rôle de Vincent Van Gogh dans le film Vincent et moi, fait également partie de la distribution.

Les frais de ce voyage ont été payés par les Films Séville et les Films Christal.



Les projets de Christian Duguay

Le prochain projet de Christian Duguay, Le dernier dimanche, lui tient à coeur depuis des années. «Un film que j'ai coécrit avec le scénariste québécois Benoît Guichard sur la guerre d'Algérie», annonce le réalisateur.

Guillaume Canet et lui veulent également retravailler ensemble sur la suite de Jappeloup. «Je suis en écriture aussi avec Benoît Guichard pour une réadaptation du livre de Pierre Lemaitre qui s'intitule Cadre noir», ajoute-t-il.

Les offres et les possibilités ne manquent pas. «Je ne suis pas en mode «je veux gagner un Oscar». J'ai du plaisir à tourner.»