«Il est le prochain Robert De Niro/Robert Redford. Il est excitant, il a une énergie unique. Même s'il n'a pas une beauté conventionnelle, il est incroyablement sexy et les femmes sont folles de lui.» Dixit Jane Fonda. Au sujet d'Adam Driver, qui incarne le plus jeune de ses quatre enfants dans This Is Where I Leave You.

Révélé dans Girls de Lena Dunham, Adam Driver a en effet le vent dans les voiles. Et ceux qui le côtoient succombent très vite à son charme particulier.

«Driver, c'est le joker du jeu de cartes. C'est le type le plus adorable du monde sur le plateau, mais vous n'avez absolument aucune idée de ce qu'il va faire une fois que les caméras se mettent à tourner. Il y a quelque chose d'à la fois dangereux et excitant dans cela», racontait Shawn Levy, qui l'a choisi pour incarner Phillip, le plus jeune des Altman, dans This Is Where I Leave You - l'un des trois films présentés au TIFF et mettant le comédien de 30 ans en vedette -, avec While We're Young et Hungry Hearts (pour lequel il vient de recevoir le prix du meilleur acteur à Venise).

Enrôlé

Pas mal pour celui qui, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, s'est engagé dans les forces armées américaines, a servi pendant 2 ans et 8 mois, a obtenu le grade de caporal avant de retourner à la vie civile à cause d'une blessure subie à l'entraînement. Il s'est alors inscrit à l'Université d'Indianapolis où il a étudié pendant un an avant d'être accepté à Juilliard en art dramatique.

Un genre de parcours... du combattant: «Le retour à la vie civile n'a pas été facile, a-t-il admis devant une poignée de journalistes. Oui, j'ai fait pleurer des gens. Mais c'était à une période bien précise de ma vie. J'ai vieilli très vite dans les Marines, j'ai soudain eu des responsabilités qui ne sont pas habituelles aux garçons de 18 ou 19 ans, j'ai eu la vie de gens entre mes mains, par exemple. Croyez-le ou pas, c'est très différent de l'école», poursuit celui qui est plutôt sceptique quand des acteurs utilisent l'expression «camp d'entraînement» (boot camp) pour parler de leur préparation à un rôle.

Bref, quand il a mis l'uniforme de côté, Adam Driver s'est concentré sur une chose, une seule chose: jouer. Une vision à ce point étroite qu'il en oubliait le reste. Pouvant bousculer, physiquement ou psychologiquement, les autres. Parce qu'il ne les voyait simplement pas.

«Hé, j'étais caporal, habitué à un certain respect et soudain, ce type qui n'est même pas sorti du collège me pousse dans la file au Starbucks...» Ça pouvait le fâcher, à cette époque où il n'avait pas encore mis derrière lui la vie réglée par les règlements.

Star Wars

Ce «mûrissement accéléré» lui a d'ailleurs, en quelque sorte, servi de lien avec Phillip: «Il est le plus jeune des enfants Altman, il a probablement entendu des conversations trop adultes pour lui.»

Mais d'un autre côté, «il a aussi certainement eu moins de règles à suivre que ses frères et sa soeur. Il est le performer, celui qui doit se faire remarquer afin d'avoir un peu d'attention et il fait tout ce qu'il peut pour prouver qu'il a vieilli», explique l'acteur qui reste toutefois discret sur son travail actuel: il est en plein tournage de Star Wars: Episode VII de J.J. Abrams, où la rumeur en fait le méchant de service, un Sith Lord de l'envergure de Darth Vader.

«Tout ce que je peux dire, c'est que dès ses premières pages, le scénario de J.J. et de Larry (Kasdan, coscénariste du film) mise sur les personnages et l'histoire. Il y a de l'amitié, des pertes. Des thèmes universels.» Bon, on aurait bien voulu entendre quelque chose de plus précis. Mais, militaire un jour, militaire toujours, Adam Driver suit les consignes. Discrétion est le mot d'ordre de cette «mission».