Le scénariste Scott Frank a fait sa marque en adaptant des livres pour l'écran - que l'on songe à Minority Report, Marley & Me ou encore Get Shorty. Et c'est un roman, A Walk Among the Tombstones de Lawrence Block, qui lui a donné envie de se placer derrière la caméra.

«En fait, c'est une scène en particulier, alors que Matt Scudder parle au téléphone à un des kidnappeurs de la petite fille. Il essaie de savoir si la fillette est encore vivante en demandant si elle leur a dit le nom de son chien. Ce n'est qu'une conversation, mais la tension était telle que j'en étais presque malade. C'est ce qui m'a amené à vouloir faire un film de cette histoire», racontait Scott Frank lorsque La Presse a visité «son» plateau de tournage, au printemps 2013.

C'était dans le Lower East Side de New York, un secteur de la Grosse Pomme que les caméras fréquentent moins que d'autres.

«Je voulais New York parce que New York est la star de ces romans, mais un New York différent de celui de Law and Order, par exemple. Une ville moins animée, moins peuplée, qui reflète la solitude de Matt Scudder», poursuit celui qui, avant que ne se concrétise ce long métrage - en partie grâce à Danny DeVito qui, après Get Shorty, a adopté ce projet dont il est l'un des producteurs - a eu l'occasion, en 2007, de s'initier à la réalisation avec The Lookout, dont il a aussi signé le scénario original.

Une expérience qu'il a adorée. «Mais c'était terminé avant que je réalise ce qui se passait. Ce coup-ci, je veux profiter de chaque seconde... même si, je l'avoue, j'étais plus heureux la première fois alors que je ne savais pas ce que je faisais.» Et d'éclater d'un grand rire. Avant, plus sérieusement, d'expliquer pourquoi Liam Neeson était l'acteur parfait, à son sens, pour incarner le mythique Matt Scudder - ancien policier qui, en proie aux démons de son passé, est devenu détective privé - créé par Lawrence Block et mis en vedette, jusqu'ici, dans une quinzaine de romans.

«A Walk Among the Tombstones est le 10e livre de la série, ce qui est, je trouve, un "emplacement" stratégique sur la ligne de vie de Matt: Larry l'a fermement installé, le personnage se tient bien, on n'a pas besoin de le présenter. Dans ce récit en particulier, il n'est pas en crise, il ne traverse pas un moment critique. On le prend là où il est et on l'observe vivre, prendre des décisions et poser des gestes qui sont, bien sûr, teintés par son passé. Et ces choix qu'il a faits autrefois forment son bagage, se lisent sur son visage. Et c'est cela que l'on a avec Liam.»

Un visage qui parle. Un acteur qui n'a pas besoin de mots pour jouer. Un homme qui parvient «à rester une star même dans la peur, la blessure, la tristesse». Or il y a de cela, de tout cela, dans la vie de Matt Scudder.

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Les frais de voyage ont été payés par Les Films Séville