Liam Neeson se glisse cette fois dans la peau de Matt Scudder, le héros solitaire de la série de romans de Lawrence Block. Une occasion pour l'acteur d'origine irlandaise d'explorer les failles - mais aussi les forces - d'un homme brisé.

Quand il arrive dans une pièce, Liam Neeson impose le respect. Quand il s'exprime, toujours à voix très basse, ses interlocuteurs sont obligés de lui prêter une oreille attentive.

Le parcours de cet être discret et humble n'est pas habituel. Beaucoup de jeunes acteurs devenus vedettes de films d'action tentent de faire ensuite leurs preuves dans rôles plus dramatiques dès qu'ils atteignent un âge plus mûr. Liam Neeson, lui, fait exactement le contraire.

Révélé au cinéma dans les années 80 grâce à de beaux rôles secondaires (The Bounty, The Mission), l'acteur a atteint le sommet de la profession en 1993 grâce à sa performance dans Schindler's List (Steven Spielberg), digne d'une nomination aux Oscars. Même s'il a depuis joué dans quelques films où il y avait du suspense et de l'action, Liam Neeson a vu son statut changer il y a exactement six ans. À cette époque, il est allé en France afin de tourner, par curiosité, dit-il, Taken. Dans son esprit, le film ne dépasserait jamais le stade de la confidentialité.

«On ne peut rien prévoir ni rien calculer, faisait remarquer l'acteur au cours d'une rencontre de presse tenue à Los Angeles récemment. Et c'est bien tant mieux. On m'a demandé d'aller passer trois mois à Paris et de faire dans ce film ce que je n'aurais jamais pu croire faire. Je me sentais en confiance d'essayer quelque chose de nouveau pour moi, car j'étais certain que cette production s'en allait directement sur les tablettes des vidéoclubs. Je m'étais dit que j'allais m'éclater, profiter de la belle vie pendant trois mois à Paris, et passer ensuite à autre chose.

«Puis, les gens du studio Fox s'en sont mêlés. Grâce à un travail de promotion extraordinaire, ils ont fait de Taken un succès planétaire!»

Une autre perception

À 62 ans, Liam Neeson est aujourd'hui un véritable héros de films d'action. Il vient d'ailleurs tout juste d'achever le tournage de Taken 3.

«Grâce à Taken, on a commencé à me percevoir d'une autre façon à Hollywood, explique-t-il. À mon sens, je n'aurais jamais pu camper ce genre de personnage à l'âge de 35 ans. Le fait que je sois plus mûr ajoute sans doute une dimension supplémentaire sur le plan psychologique. Mais j'avoue que même si je me tiens en forme, j'aurais aimé l'être encore davantage pour Taken 3. Ce fut sans doute le tournage le plus dur sur le plan physique!»

Dans A Walk Among the Tombstones, Liam Neeson est encore au coeur de l'action, cette fois à la faveur d'un personnage d'ancien policier recyclé en détective privé. Qui travaille en marge de la loi.

L'acteur prête ainsi ses traits à Matt Scudder, héros sombre de la série de bouquins à succès de Lawrence Block. Même s'il existe aujourd'hui 17 romans et un recueil de nouvelles mettant Scudder en vedette, le personnage n'a eu droit qu'à un seul passage au grand écran jusqu'à maintenant. Jeff Bridges a interprété le personnage il y a 28 ans dans 8 Million Ways to Die, un film réalisé par Hal Ashby.

De son côté, l'éminent scénariste Scott Frank (Get Shorty, Minority Report) a choisi d'adapter le 10e tome de la série et d'en assumer aussi la réalisation.

«Ce projet m'attirait beaucoup, indique Liam Neeson. Le personnage est sombre, il est troublé, mais il est fort sur le plan moral. J'aime ces héros solitaires qui puisent en eux les ressources nécessaires à leur survie. Ils sont mystérieux. Il émane d'eux beaucoup de vécu. Scudder est un homme brisé de bien des façons, mais il reste toujours digne. Je crois que cela provient de ces années passées dans les forces policières. On ne peut imaginer la souffrance humaine à laquelle ces gens sont confrontés tous les jours.»

Comme un film de Lumet

Résidant à New York, l'acteur était ravi de tourner un film chez lui, dans les vrais endroits où l'action du film se situe.

«En un sens, j'y voyais là un peu un hommage aux grands films qu'a réalisés Sidney Lumet au cours des années 70. Serpico et Dog Day Afternoon notamment. Je pense qu'il y a de cet esprit dans ce film. D'autant que nous avons tourné dans des endroits plus inhabituels de New York, moins souvent montrés à l'écran, me semble-t-il. Et puis, quel plaisir de pouvoir rentrer chez soi après une journée de tournage!»

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A Walk Among the Tombstones (Entre les tombes en version française) prend l'affiche le 19 septembre. Les frais de voyage ont été payés par Films Séville.