Le fossé entre riches et pauvres, la culture de la violence aux États-Unis, les limites de la liberté poussée à l'extrême... The Purge - Anarchy est un film d'action efficace à fort contenu politique.

The Purge - Anarchy, suite du film éponyme sorti en 2013 et qui avait fait un carton surprise au box-office, poursuit le concept initial: dans un futur très proche, pour garder des taux de criminalité et de chômage bas, le gouvernement des «nouveaux pères fondateurs» a instauré une «purge» annuelle: douze heures pendant lesquelles tous les crimes sont permis, et aucune assistance policière ou médicale fournie.

Alors que le premier opus mettait en scène l'assaut d'un foyer bourgeois par de jeunes gens riches déchaînés qui voulaient tuer un homme pauvre caché dans leur demeure, le deuxième épisode suit cinq personnages qui se retrouvent forcés de passer ensemble cette nuit de cauchemar dans les rues de Los Angeles.

Filmé dans le centre d'affaires de la Cité des Anges, il est plus spectaculaire, avec une cinématographie plus aboutie que le précédent. Là où The Purge s'apparentait à un film d'horreur, celui-ci appartient au registre du film d'action et de suspense.

Le long métrage, qui sort vendredi aux États-Unis et cinq jours plus tard en France, se passe en 2023. On apprend qu'il s'agit de la septième année de purge... «Donc en théorie, cette tradition commence dans deux ans. Ça ne vous permet pas de vous distancer de l'histoire comme dans un film de science-fiction qui se passe plus loin dans le futur, où tout le monde porte un costume», remarque Zach Gilford, interrogé par l'AFP. Il joue un jeune homme qui se retrouve en panne de voiture avec sa femme à l'orée de cette nuit de violence.

Et de fait, le Los Angeles de 2023 ressemble à s'y méprendre à celui de 2014. Il n'y a aucun gadget électronique exotique, aucune technologie futuriste: «C'est quelque chose de voulu par le réalisateur, ça vous force à vous interroger: «Mon dieu, est-ce que quelque chose comme ça pourrait survenir ici maintenant?»», ajoute Zach Gilford.

Dans une Amérique contemporaine où les tueries succèdent aux tueries, ce «droit constitutionnel de purger» fait penser à une extrapolation sur le droit de porter des armes.

«Avec cette série de films, j'espère refléter quelque chose sur la société américaine et la façon dont nous regardons la violence», explique dans un communiqué de presse le réalisateur James DeMonaco.

«Les nouveaux pères fondateurs, c'est un pied-de-nez pour dire que les anciens pères fondateurs ont échoué à prendre soin des gens», a expliqué à l'AFP Frank Grillo, l'acteur principal. Il incarne un ancien militaire qui veut venger la mort de son fils mais devient malgré lui le protecteur de ses quatre compagnons d'infortune.

Purger dans le confort

Le film pousse aussi très loin la parabole sur le fossé entre riches et pauvres en imaginant des familles aisées qui «achètent» des gens pour pouvoir «purger dans le confort de leur maison».

Face à eux, la résistance des déshérités s'organise autour de Carmelo, un leader qui appelle à prendre les armes pour attaquer les nantis: «le changement viendra quand leur sang coulera».

Pour Frank Grillo, le film rappelle «que nous devons prendre soin les uns des autres sans quoi il y aura la guerre civile».

Grâce au succès du premier opus, The Purge - Anarchy a bénéficié d'un budget quatre fois plus important: 12 millions $. Mais cela reste une petite production à l'échelle d'Hollywood: «Tout est allé dans le film à part peut-être 8 dollars pour nous», ironise Frank Grillo, qui souligne que les acteurs ne seront payés qu'en pourcentage des recettes.

Le premier épisode avait récolté au total quelque 90 millions dans le monde entier.

Frank Grillo espère voir la série continuer: «Des discussions ont déjà eu lieu sur un possible troisième film qui pourrait se baser notamment sur la résistance menée par Carmelo».