John Goodman et George Clooney se sont connus sur le plateau de Roseanne, lorsque le second a fait une dizaine d'apparitions dans la comédie de situation qui a servi de rampe de lancement au premier.

Mais ils n'avaient pas travaillé ensemble devant la caméra depuis O Brother, Where Art Thou? des frères Coen. Ils évoluent toutefois dans les mêmes milieux, se croisent régulièrement et se sont côtoyés sur le plateau d'Argo de Ben Affleck, dont George Clooney était l'un des producteurs.

Entrevue avec John Goodman.

Qu'est-ce que vous attendez d'un réalisateur?


Qu'il ait fait ses devoirs, qu'il sache ce qu'il veut, qu'il soit préparé. C'est pour ça que j'aime tellement travailler avec les Coen [NDLR: de Raising Arizona à l'Inside Llewyn Davis, ils ont collaboré six fois]: ce sont des auteurs formidables, ils ont une vision claire de ce qu'ils veulent et ils savent exactement comment parvenir à cette vision.

Et George Clooney, comment est-il?

Plus je vieillis, plus j'apprécie George. Il a le don de tout faire paraître facile, simple et même, je dirais, élégant. Il est ainsi comme réalisateur, comme acteur et comme homme.

Quand vous a-t-il pressenti pour The Monuments Men et pourquoi avez-vous été intéressé par ce projet?

C'était à la fête de la première d'Argo à New York. Il m'a dit qu'il avait quelque chose d'intéressant pour moi. Plus tard, il m'a raconté cette histoire incroyable et importante, cette histoire de la tentative, par les nazis, de non seulement exterminer un peuple, mais aussi d'annihiler leur culture en détruisant le fruit de leur art, leur mémoire culturelle. Sentant que la défaite approchait, tout ce qu'ils ne pouvaient pas voler, ils allaient le détruire. Ils allaient bombarder Paris. Il fallait tenter de sauver ces joyaux de la culture occidentale. C'est la mission que se sont donnée les Monuments Men.

Vous incarnez l'un d'entre eux, Walter Garfield, inspiré du sculpteur Walter Hancock... D'une certaine manière, ce dernier fait partie de votre passé, je crois?

C'est une coïncidence incroyable. Walter Hancock vient de St. Louis, au Missouri, comme moi. Et quand j'étais enfant, chaque fois que ma mère m'amenait au centre-ville en autobus, nous passions devant une de ses sculptures. Vous savez, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, tout le monde voulait apporter sa contribution. Il était trop vieux pour monter au front, mais devenir l'un des MonumentsMen a été sa manière de participer à l'effort de guerre.

C'est une première occasion, pour vous, de jouer dans un film de guerre. À 61 ans, était-il temps?

Il était temps. C'est un rêve devenu réalité. Je fais partie de cette génération dont les pères sont allés au front, le mien a été déployé en France. Enfant, avec les copains, c'est à ça que nous jouions, à la guerre. Là, j'ai pu porter un uniforme, un casque, une arme. La totale. Cette expérience, pour moi, ç'a été comme retomber en enfance.