Depuis toujours, Nikki Blonsky ne souhaite qu'une chose: jouer dans une comédie musicale. La jeune vedette de Hairspray concrétise aujourd'hui le rêve de sa vie. Et ne rate pas son coup.

Dans la vie, Nikki Blonsky est une jeune femme âgée de 19 ans bien de son époque. Quelques secondes en sa compagnie suffisent toutefois pour constater que la vedette de Hairspray partage d'évidence les mêmes qualités que l'héroïne à qui elle prête ses traits dans le nouveau film réalisé par le chorégraphe Adam Shankman. Même détermination à toute épreuve, même sourire engageant. Un coeur gros comme ça.

Dans l'esprit de l'actrice, que La Presse a pu rencontrer en entrevue dans la Ville reine la semaine dernière, le destin se devait de passer par là. Depuis le jour, en fait, où elle a vu à Broadway Hairspray: The Musical, la comédie musicale à succès inspirée par le film que John Waters avait réalisé en 1988.

«On m'avait offert des billets en cadeau pour mon 15e anniversaire de naissance, rappelle l'actrice. Je suis tombée complètement amoureuse de ce spectacle. Pour la première fois de ma vie, je pouvais totalement m'identifier à un personnage, à tous points de vue. Je me disais que cette fille, c'était moi. Je la comprenais; elle me comprenait. Je trouvais enfin quelqu'un qui me ressemblait. Et qui pensait exactement de la même façon de moi!»

Cette fille, c'est Tracy Turnblad, l'héroïne de Hairspray. À Baltimore au début des années 60, Tracy vit un peu à part car son physique bien enveloppé lui vaut parfois des remarques désobligeantes. La surprotection dont elle est l'objet à la maison, particulièrement de la part de sa mère Edna (incarnée par John Travolta, évidemment!), n'arrange pas vraiment les choses. Affichant toutefois un talent naturel pour la danse, Tracy est bien déterminée à décrocher le titre de danseuse étoile d'une émission de variétés très populaire, animée par le séduisant Corny Collins (James Marsden). Ce faisant, Tracy s'ouvre à une société qui bouillonne de l'intérieur, tant sur le plan musical, social que politique.

Honneur à la tradition

Pour le chorégraphe et réalisateur Adam Shankman, il n'était pas question de tricher sur l'âge du personnage. Pour faire honneur à l'une des traditions qui furent toujours respectées au fil des différentes incarnations de Hairspray, l'interprète de Tracy Turnblad devait aussi être une parfaite inconnue. C'était le cas de Ricki Lake à l'époque du film de Waters; c'était aussi le cas de Marissa Winokur, l'actrice qui a repris le rôle sur scène. Il fallait donc trouver une inconnue âgée de 17 ans qui sache jouer, chanter, danser, et dont le physique correspondait aux exigences du personnage. Bonne chance.

«Quand j'ai vu le spectacle à Broadway, se rappelle Nikki Blonsky, ce rôle est presque devenu une obsession. Il fallait que je joue Tracy, peu importe où. Mais j'étais trop jeune à l'époque. Ce n'est que deux ans plus tard que j'ai su, en naviguant sur internet, qu'une adaptation cinématographique était sur le point d'être mise en chantier. En plus, ils cherchaient une actrice!»

La jeune femme, qui, l'an dernier encore, vendait de la crème glacée dans un kiosque à Long Island, a fait preuve d'un naturel si désarmant lors des essais que sa sélection relevait alors de l'évidence. «Très franchement, nous aurions été dans le pétrin si Nikki n'avait pas été à la hauteur sur le tournage, affirme en outre Craig Zadan, l'un des producteurs. Elle correspondait tellement au personnage que nous n'avions alors plus aucune solution de rechange. Cela dit, nous avions confiance car elle possède un talent fou. Elle nous a offert une performance qui est allée bien au-delà de nos espérances.»

Une grande détermination

Avant de se retrouver sur le plateau, Nikki Blonsky n'avait aucune expérience professionnelle. Elle ne comptait à son actif que l'essai qu'elle avait tourné sous la direction du réalisateur. Du jour au lendemain, elle se retrouve pourtant à camper le personnage principal d'une production prestigieuse à laquelle participent quelques-unes des pointures hollywoodiennes: John Travolta, Michelle Pfeiffer, Queen Latifah, Christopher Walken, et bien d'autres. N'importe qui de normalement constitué aurait pu être intimidé. Ou, pire encore, carrément paralysé par l'importance des enjeux. Pas Nikki.

«Il est certain que j'étais fébrile le premier jour du tournage, raconte la vedette recrue. Mais quand j'ai vu le plateau, l'appareillage, l'équipe technique, la somme de talents réunis là-dedans, il y a eu comme un déclic dans ma tête qui a fait que je ne me concentrais plus sur mes états d'âme mais sur ce que j'avais à faire. Je me suis dit : voilà. Tu as rêvé de cela toute ta vie, fais-le maintenant. Plus que tout, je voulais prouver au réalisateur qu'il avait fait le bon choix. À chaque répétition, à chaque prise, j'ai voulu donner le meilleur de moi-même.»

La jeune actrice n'hésite pas à parler d'un rêve devenu réalité. «Je ne pouvais soupçonner que cette expérience changerait ma vie pour toujours. Ce fut encore mieux que tout ce que j'aurais pu espérer.»

Quant à la suite des choses, Nikki Blonsky ne veut brûler aucune étape. «Je prends les choses au jour le jour. J'aimerais bien entendu poursuivre dans cette voie, mais je ne sais pas ce que l'avenir me réserve. Je ressens déjà un feeling incroyable à propos de ma participation dans Hairspray. C'était le rôle idéal pour moi. D'autant plus que Tracy défend des valeurs que j'ai aussi envie de défendre.»

_________________________________________________________
Hairspray prend l'affiche demain. Les frais de voyage ont été payés par Alliance Atlantis Vivafilm (New Line Cinema).