«Je n'arrive pas à y croire, c'est comme un rêve!», déclare dans un entretien à l'AFP l'Américain John Lasseter, patron de la création du studio Pixar-Disney, dont la dernière production, Up, est le premier film d'animation à faire l'ouverture du Festival de Cannes.

«Je suis si excité, si fier. C'est un des plus grands moments de toute ma carrière», répète inlassablement Lasseter, qui a enchaîné mercredi les entretiens avec la presse, sous la verrière ensoleillée de l'hôtel Carlton.

«Tous les jeunes réalisateurs rêvent d'avoir un jour un film dans un de ces merveilleux festivals mondiaux. Mais faire l'ouverture du Festival de Cannes, marcher sur le tapis rouge avec tous ces paparazzis ... Waouh!»

Animateur de génie, à 53 ans John Lasseter n'est pas un homme blasé, malgré les quatre Oscars du meilleur film d'animation récoltés par Pixar, racheté par Disney pour 7,4 milliards de dollars en 2006.

Ce pionnier a déjà signé le premier long métrage d'animation en images de synthèse, Toy Story, en 1995. Huit ans plus tard, Le monde de Nemo qu'il a produit, remportait le plus gros succès de tous les temps pour un dessin animé.

Mais être à Cannes avec le premier film d'animation montré en ouverture, qui plus est en 3D relief, une technique d'avenir qu'il juge passionnante et sur laquelle mise l'industrie du cinéma, est pour lui une consécration.

«Vous savez, j'aime tant l'animation. C'est un art merveilleux, et je suis heureux que le public qui d'habitude ne voit pas ce type de films ait l'occasion de découvrir celui-ci parce qu'il a été sélectionné à Cannes».

«Nous adorons la technologie chez Pixar, mais celle-ci est avant tout au service d'une histoire et de l'émotion que celle-ci véhicule», affirme-t-il.

Cosigné par Bob Peterson et Pete Docter, Up utilise le relief avec délicatesse, sans effets appuyés, évitant le spectaculaire.

«Lorsque le spectateur voit surgir un élément de l'écran et se dit «0h c'est drôle!», cela le distrait, or pour moi le relief doit le maintenir totalement suspendu à l'histoire», dit John Lasseter.

Il y a trois ans, il est revenu par la grande porte, en tant que directeur des Walt Disney Animation Studios, au sein d'une maison où il avait débuté, vingt-trois ans plus tôt, comme stagiaire.

Interrogé sur le secret de la réussite créative de Pixar, l'auteur de 1001 pattes, Toy Story 2 et Cars, par ailleurs producteur de Ratatouille ou Wall-E, ne tarit pas d'éloges sur le travail collectif de ses équipes. Celle de Up a mobilisé jusqu'à 300 personnes.

«Peu importe de qui elles viennent, les meilleures idées vont nourrir le film. C'est ce qui fait la spécificité d'un studio dirigé par des créateurs et non par des gestionnaires, comme la plupart des autres», dit-il.

«Bien que l'idée originale vienne d'un réalisateur, cela devient vite un effort collectif, une collaboration de beaucoup de gens très talentueux».

«Notre but à tous? Faire des films dont nous serons fiers pour le reste de notre vie», conclut-il.