«J'ai fait ce film pour avoir une nomination aux Oscars, c'est la seule raison», a pouffé Matt Damon lors d'une des premières conférences de presse du 34e Festival international du film du Toronto.

Il a beau rire, la nomination pourrait bien lui pendre au bout du nez... et pas seulement parce qu'il a pris une quinzaine de kilos pour se glisser dans la peau du personnage principal de The Informant!  le nouveau film de son complice Steven Soderbergh, inspiré de la vie de Mark Whitacre.

Qui ? Mark Whitacre ! Un employé « modèle « (à première vue) de la société agroalimentaire ADM qui, dans les années 90, devient informateur pour le FBI afin de dénoncer une fraude économique dans laquelle la firme est plongée jusque dans ses plus hauts échelons. Sauf que Mark Whitacre est un gars « qui a un problème avec la vérité », résume le réalisateur.

Matt Damon et Steven Soderbergh refont équipe pour un long métrage qui n'est pas un « Danny Ocean », The Informant ! l'histoire vraie d'un homme qui a un problème avec la vérité.

Diagnostiqué maniaco-dépressif, l'homme en question est raconté à travers ses faits et gestes - et un formidable monologue intérieur que lui a imaginé le scénariste Scott Z. Burns à la suite de la lecture du livre de Kurt Eichenwald.

« Ce monologue permet de saisir la dualité du personnage, son sens très particulier de la réalité, cette différence entre ce qu'il paraît être et ce qu'il est dans sa tête, explique le réalisateur. Un moment, vous le trouvez sympathique; tout de suite après, insupportable. Ici, vous pensez qu'il fait preuve de logique ; là, qu'il est complètement irrationnel. »

Et c'est ce qui a attiré Steven Soderbergh et Matt Damon vers cette histoire. « Je suis de plus en plus persuadé qu'un bon film prend racine dans ses personnages plus que dans son sujet. Et dans ce sens, le cas de Mark Whitacre est fascinant. Normalement, dans une intrigue, des forces extérieures travaillent sur le personnage. Mais dans ce cas-ci, ces forces extérieures sont générées par le personnage lui-même », poursuit le réalisateur.

Du plaisir

Ce personnage, Matt Damon affirme qu'il est celui qu'il a eu le plus de plaisir à créer. Malgré le poids à prendre - lui qui avait dû perdre une quinzaine de kilos en début de carrière pour Courage Under Fire. « Mais c'est beaucoup plus agréable de gagner du poids qu'en perdre. Et c'est aussi beaucoup plus agréable que de se mettre en forme pour un Bourne ! « rigole l'acteur... qui a causé toute une surprise à Melanie Lynskey.

« J'étais toute contente de dire que j'allais jouer l'épouse de Matt Damon, l'homme le plus sexy du monde. J'ai déchanté quand nous nous sommes vus sur le plateau », s'amuse-t-elle.

Il y a aussi clairement, dans The Informant ! une volonté de ne pas refaire The Insider, de Michael Mann (pour l'aspect infiltration) ni Erin Brockovich... du même Steven Soderbergh (pour l'aspect un homme seul ou une femme seule) contre une compagnie.

« Il y a quand même une grande différence entre Mark et Erin, souligne le réalisateur. Dans son cas à elle, il y avait des vies en jeu. Dans son cas à lui, c'est une question d'argent. En fait, je dirais que The Informant ! est le miroir d'Erin Brockovich. »

« C'est d'ailleurs pour cela que j'ai basé toute ma performance sur celle de Julia Roberts », rit Matt Damon... rappelant ici qu'il « parle bien sûr encore en fonction des Oscars ».

The Informant ! (L'infiltré) prend l'affiche le 18 septembre.