Après Catherine Hardwicke et Chris Weitz, David Slade a pris les rênes de The Twilight Saga - Eclipse, l'adaptation du troisième volet de la tétralogie de Stephenie Meyer. Tête-à-tête avec un réalisateur qui aime mettre à l'écran le côté sombre des choses et des gens.

«Nous avons tourné en 50 jours. C'était un casse-tête... et il n'y avait qu'une manière de le faire», a laissé tomber le réalisateur David Slade lors d'une entrevue accordée à La Presse dans un hôtel de Los Angeles.

La voix est douce. Le sourire, à l'avenant. Mais on sent la main de fer dans son gant de velours: David Slade sait ce qu'il veut, sait comment l'obtenir. Il fallait cela pour mener à bien le marathon de préproduction, de tournage et de postproduction qu'a été Eclipse, le troisième volet de The Twilight Saga, mis en chantier alors que New Moon, réalisé par Chris Weitz, n'était pas terminé. À peine plus de sept mois séparent ainsi la sortie des deux longs métrages.

Pour parvenir à cela, David Slade n'a pas changé ses habitudes: «Je vois le film dans ma tête avant de commencer à tourner.» Et il se tient à cela. Dans le cas d'Eclipse, il envoyait régulièrement des story-boards à Melissa Rosenberg afin qu'elle puisse intégrer sa vision à lui dans le scénario qu'elle terminait. D'un côté, celle qui avait l'expérience des deux films précédents, puisqu'elle les avait scénarisés. De l'autre, celui à qui on avait demandé un film différent. Parce qu'Eclipse est un roman différent.

«C'est celui dont l'histoire est la plus complexe et où les personnages affichent une maturité plus grande», indique Slade, qui s'est pourtant attiré les foudres des «twilighters» à cause d'une déclaration faite avant qu'il en soit attaché au projet. Se moquant du premier film, il avait dit: «Voir Twilight saoul? Non. Voir Twilight sur l'acide? Non. Voir Twilight à la pointe du fusil? Descendez-moi.»

«Oui, je suis connu pour être celui qui ne connaît pas grand-chose au phénomène Twilight», reconnaît-il avec autodérision quand on revient sur cet épisode - qui ne le déstabilise pas: il a, depuis, fait ses devoirs.

C'est-à-dire lu les romans, vu les films. Parce que les producteurs de la série l'ont quand même contacté. Pour des raisons qui ne tiennent pas du «à première vue»: David Slade a réalisé Hard Candy, un suspense psychologique mettant en scène Ellen Page; et 30 Days of Night, un film d'horreur mettant en scène une bande de vampires. L'évidence, c'était de le contacter parce qu'il avait réalisé ce dernier. L'originalité, ç'a été de lui faire une proposition en raison de son premier long métrage. Où il suit, dans un huis clos admirablement tendu, une adolescente et un prédateur sexuel.

«Il n'a pas été une seule fois question de 30 Days of Night dans mes rencontres avec les producteurs, seulement de Hard Candy qui se déroule dans une intensité et une émotion qu'ils désiraient voir dans Eclipse», explique le réalisateur.

Une esthétique différente

Afin de mettre cette intensité et cette émotion à l'écran, il a opté pour de nombreux gros plans et s'est éloigné de l'esthétique des longs métrages précédents. «J'ai vu les deux premiers films, puis je les ai mis de côté dans mon esprit parce que je ne voulais pas me sentir prisonnier. De toute manière, j'avais autour de moi des gens qui étaient de l'aventure depuis le début, et qui m'auraient remis dans la bonne direction si j'avais pris les mauvaises décisions», poursuit celui qui a aussi rencontré un par un les acteurs tenant les rôles principaux, afin qu'ils partagent avec lui leur vision des personnages.

Il a en particulier discuté avec Robert Pattinson, parce qu'il tenait à faire ressortir le monstre en lui: «Les vampires sont des prédateurs. On a, jusqu'ici, vu le côté romantique d'Edward. Je voulais, parce qu'il a à se battre dans celui-là, qu'on sente à quel point il peut aussi être dangereux.» Cela se sent entre autres dans ses scènes de confrontations avec Jacob (Taylor Lautner), dont Bella (Kristen Stewart) est... un peu trop proche.

Et c'est ainsi, par petites touches, que le réalisateur a pu mettre sa signature sur Eclipse. Qui devrait lui permettre de se réconcilier avec les «twilighters».

- Demain: la critique du film et la recension de deux livres destinés aux «twilighters»

- The Twilight Saga - Eclipse (La saga Twilight - Hésitation) prend l'affiche demain

- Les frais de voyage ont été payés par E1/Films Séville