Après l'adaptation de deux comic books très adultes dans leur propos et leur visuel, 300 et Watchmen, l'étape suivante pour Zack Snyder était, logiquement, la réalisation d'un film d'animation familial. Non? Il plaisante. Mais pas tant que ça...

«Pour moi, avant d'être un film d'animation, c'est un film d'aventures», indique Zack Snyder d'entrée de jeu lors de l'entrevue qu'il a accordée ce week-end à La Presse, dans un hôtel de Los Angeles. Il était question du nouveau long métrage qu'il a réalisé, Legend of the Guardians: The Owls of Ga'hoole, à partir des trois premiers romans de la série de Kathryn Lasky.

Un film familial. À la demande de ses enfants. Il en a six, maintenant âgés de 10 à 17 ans. Et si les plus vieux peuvent à présent découvrir 300 et Watchmen, pendant longtemps, l'oeuvre du paternel n'a pas été accessible à sa progéniture.

Mais il y avait plus pour l'attirer dans ce projet. Il le fallait, l'aventure de l'animation allant durer trois ans. Il y avait la découverte d'une nouvelle écriture cinématographique. «D'un côté, l'expérience n'a pas été si différente de tourner un film avec des acteurs parce que pour moi, le travail commence toujours par des illustrations: je dessine ce que je veux voir à l'écran. Mais j'avoue que de voir à l'écran, en 3D, ce qui au départ était une esquisse sur une serviette de restaurant, et comment ces artistes géniaux de Animal Logic (Happy Feet) lui ont donné vie, c'est quelque chose!» raconte le réalisateur - dont la patte se fait en effet sentir dans bien des «prises de vue» et effets (les ralentis, entre autres) de Legend of the Guardians.

S'il a découvert quelque chose lors de ce tournage, en fait, c'est l'importance des mots: «Parfois, quand vous travaillez avec des acteurs, ils ne vont pas vous donnez la réplique exacte que vous attendez mais quelque chose, dans leur attitude, va faire que cette prise sera la bonne. En animation, les mots deviennent le premier matériau.» Il faut dire qu'en version originale, ces mots, enregistrés avant que l'animation ne soit faite, ont été prononcés par Helen Mirren, Geoffrey Rush, Jim Sturgess, Hugo Weaving, Sam Neil, etc.

Et tous de se glisser sous les plumes d'oiseaux. Car on suit ici, dans un monde parallèle habité par des hiboux, le gentil Soren, qui a foi en l'existence des gardiens de Ga'hoole, guerriers ailés qui ont juré de protéger le monde contre les vils Pure Ones, qui veulent le mettre sous leurs serres. Face à Soren, son frère Kludd, qui ne croit pas en ces légendes. Jusqu'au jour où ils sont kidnappés par de méchants soldats, représentant justement ces «purs». Chacun choisira son clan. Un combat sans merci s'ensuivra.

L'un des défis, pour les animateurs et le réalisateur, était de rendre ces personnages «lisibles» aux spectateurs: nous sommes habitués à «lire» les visages humains et, à la rigueur, les «expressions» de chiens et chats. Mais celles d'oiseaux?! «L'avantage, si on peut dire, que nous avons eu, c'est que contrairement à la plupart des autres animaux, les hiboux ont un «visage»: leur yeux ne sont pas sur les côtés de leur tête, ils nous font face; et leur bec forme un genre de nez. Nous avons donc beaucoup travaillé leurs expressions, en subtilité, pour ne pas les anthropomorphiser.»

L'autre défi, était ces plumes. Ces centaines, ces milliers de plumes. «Quand elles se touchent les unes les autres, dans la réalité, elles plient. Mais quand vous travaillez en CGI, elles n'existent pas et passent au travers l'une de l'autre. Nous avons dû inventer un programme qui « leur « explique comment réagir quand elles se touchent, l'une influençant la position de l'autre.»

C'est l'une des choses qui font que s'il y a une suite à The Owls of Ga'hoole (après tout, 12 autres romans suivent ceux que le film résume), l'aventure durera probablement moins de trois ans. Et Zack Snyder ne dit pas non à l'idée de prendre les commandes de cette autre envolée.

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Legend of the Guardians: The Owls of Ga'hoole (La légende des gardiens: le royaume de Ga'hoole) prend l'affiche aujourd'hui. Les frais de voyage ont été payés par Warner Bros.