L'acteur britannique Anthony Hopkins se frotte au démon dans The Rite de Mikael Hafström, en interprétant un prêtre exorciste talentueux mais irascible, chargé de convaincre un jeune séminariste en panne de vocation de l'existence du Bien et du Mal.

Le film est une adaptation d'un livre de l'Américain Matt Baglio, qui a suivi pendant plusieurs années les activités d'un prêtre californien ayant reçu une formation à l'exorcisme au Vatican avant «d'exercer» aux États-Unis.

Dans le film, c'est le jeune Michael Kovak (inteprété par l'Irlandais Colin O'Donoghue, qui fait ses débuts au cinéma) qui part au Vatican suivre une formation d'exorciste, sans grande conviction. Jusqu'à sa rencontre avec le père Lucas (Anthony Hopkins), qui va faire vaciller ses certitudes.

«Ce n'est pas l'exorcisme en soi qui m'a attiré dans ce projet. Je ne fais pas de films sur un sujet mais sur des personnages», déclarait récemment le Suédois Mikael Hafström lors d'une discussion de l'équipe artistique avec quelques journalistes, dans un hôtel de Beverly Hills.

«Et cette histoire, pour Michael, c'est une initiation, une quête de lui-même, du chemin qu'il veut prendre dans la vie», dit-il.

Anthony Hopkins, qui excelle toujours autant dans les personnages ambigus et inquiétants, estime pour sa part que le problème du jeune séminariste est qu'il est à la recherche de «la vérité». Une quête que Sir Anthony ne partage pas, considérant qu'«il faut se méfier de tout ceux qui pensent détenir la vérité. Je pense que c'est là que se cache le démon».

L'acteur de 73 ans est plutôt un adepte du doute. Pour préparer son rôle de prêtre exorciste, il a beaucoup lu et s'est beaucoup documenté. «Quand vous êtes acteur, il n'est pas idiot de rassembler le plus d'information possible et de lire beaucoup de livres. Et j'en lis encore...», déclare-t-il.

«C'est assez enrichissant. J'ai fait entrer beaucoup d'informations dans ma tête, pour avoir un point de référence», ajoute-t-il. Avant de conclure, dans une pirouette: «Tout ce que je sais maintenant, c'est que je ne sais rien, et que je n'ai aucune certitude!».

Ce qu'il sait, en revanche, c'est qu'il voulait «faire de père Lucas un véritable être humain, notamment en en faisant un homme impatient et irascible. Je ne voulais pas le jouer comme un personnage unidimensionnel».

Car le père Lucas lui-même a sa part d'ombre. «Jung (le psychologue suisse) le disait très bien: si vous n'affrontez pas votre part d'ombre, vous serez réduit en miettes», rappelle l'acteur. «Je pense que regarder en face ses propres démons est sain».

Dans le film, le père Lucas finit par être lui-même possédé par le démon, et c'est le jeune séminariste, accompagné d'une journaliste fascinée par les questions d'exorcisme (la Brésilienne Alice Braga) qui va devoir extirper le diable de son mentor, lors d'une longue et éprouvante scène.

Pour préparer cette dernière, Anthony Hopkins explique avoir passé «au moins deux ou trois heures par jour à dire le texte, systématiquement, encore et encore. Je ne le jouais pas, mais je le laissais entrer dans ma tête. Et c'est ainsi que les idées (d'interprétation) ont commencé à surgir», dit-il.

Alice Braga reconnaît pour sa part avoir beaucoup appris au contact d'Anthony Hopkins. C'était pour elle «un cours d'interprétation». «Il se documente énormément, il creuse chaque phrase qu'il doit prononcer. Et il change à chaque prise, il n'arrête jamais de chercher ou d'essayer quelque chose de nouveau», dit-elle.