La jeune comédienne Chloé Bourgeois, vedette féminine du film Tout est parfait, revient au grand écran. Elle interprétera Nathalie, jeune mère de famille monoparentale dont la vie croise celle d'un marin ivoirien dans le film Diego Star, qui sera tourné l'hiver prochain sur le chantier maritime Davie, à Lévis, a appris La Presse.

«Pour Chloé, c'est un retour au grand écran. À mon avis, c'est une comédienne exceptionnelle dotée d'un naturel absolument désarmant», dit le réalisateur Frédérick Pelletier en entrevue téléphonique.

Dans Tout est parfait, premier film de Yves Christian Fournier, Chloé Bourgeois interprétait Mia, ex-amie de coeur de Sacha, un jeune homme qui, avec trois autres garçons, s'est enlevé la vie dans une ville industrielle anonyme. Elle se rapproche alors de Josh (Maxime Dumontier), autre jeune de la ville qui était lié par ce pacte de suicide, mais qui choisit une autre voie.

Pour donner la réplique à Chloé Bourgeois, Frédérick Pelletier et les producteurs de Metafilms ont arrêté leur choix sur Issaka Sawadogo, comédien né au Burkina Faso qui vit et travaille à Oslo. Le comédien a déjà quelques films à son actif, mais il travaille principalement au théâtre, précise le réalisateur.

«Il a un visage avec une émotivité et une intensité magnifiques. En casting, il s'est imposé devant d'autres noms de très haut niveau», explique M. Pelletier qui, jusqu'à maintenant, a réalisé quatre courts métrages dont L'air de rien, finaliste aux Jutra en 2006.

Diego Star raconte l'histoire de Nathalie, jeune mère qui gagne sa croûte comme employée de cafétéria dans un chantier maritime. Un jour, sa route croise celle de Tahoré, marin de la Côte-d'Ivoire à qui on impute le bris d'un cargo, le Diego Star, pris dans les glaces en face de Lévis.

Compagnons d'infortune, Nathalie et Tahoré tentent de se rapprocher. En dépit de certains non-dits et d'une ambiguïté sur l'issue de leur rencontre, le récit vogue davantage dans le domaine de la filiation, de l'humanité, de la survie et de la solidarité, indique Frédérick Pelletier. «Ça se rapproche d'un Survenant moderne, dit-il. Ce n'est pas une adaptation du livre, mais on y retrouve un type qui arrive de l'étranger et dont on ne sait pas grand-chose. Il est mystérieux, mais en même temps plein de bonne volonté. Je veux que ce soit un film ancré dans le Québec contemporain avec une idée de contraste. Ce n'est pas un hasard si le marin est noir et qu'il est représentant d'une minorité dans une petite ville.»

Les organismes publics SODEC et Téléfilm Canada ont déjà annoncé leur participation financière au projet. Au départ, le film aurait dû être tourné durant l'hiver 2010-2011, mais, comme il s'agit d'une coproduction avec l'Europe, les délais de financement se sont allongés. «Comme Diego Star est un film d'hiver, qui se passe à Lévis, sur le chantier naval, on n'a pas le choix d'attendre. J'ai besoin que le Saint-Laurent soit gelé», indique Frédérick Pelletier.

Le casting est à compléter. La production du film commencera autour du 15 janvier 2012.

Documentaire

M. Pelletier souligne que les gens du chantier maritime ont fait preuve de beaucoup d'ouverture et de compréhension face à son projet. «Ils sont très conscients du patrimoine de la Davie et nous appuient dans notre démarche», dit-il. Rappelons qu'à l'heure actuelle, le chantier est sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers et tente de trouver un nouvel acheteur.

En attendant de pouvoir tourner son long métrage de fiction, Frédérick Pelletier a amorcé la réalisation d'un documentaire à compte d'auteur sur le chantier naval qui sera le principal lieu de tournage. «Ce projet va bon train», dit le réalisateur dont le grand-père fut un ouvrier du chantier. D'ailleurs, une page Facebook consacrée à ce documentaire est déjà en ligne.

Titre de travail: Des tyrans d'eau. «Cela fait référence à la dureté de la vie des métiers de la mer, autant du côté des marins que des constructeurs de navires, précise le réalisateur. Ce sont des métiers qui ont été très importants au Québec, mais qui tombent en désuétude pour toutes sortes de raisons. Sans vouloir verser dans le discours politique, ces travailleurs ont très tôt été soumis aux impératifs de la mondialisation.»