Tourné en Ardèche, Le missionnaire est le plus récent film de l'humoriste et comédien français Jean-Marie Bigard. Produit par Luc Besson, le film pourrait surprendre les cinéphiles, car l'humoriste connu pour ses blagues vulgaires y trouve un rôle de composition qui lui va comme un gant. Ou comme une soutane...

Dans Le missionnaire, son 13e film, Jean-Marie Bigard incarne Mario Diccara, un malfrat qui sort de prison après sept ans passés derrière les barreaux pour un vol de bijoux.

Voulant échapper à ses anciens complices qui veulent leur part du butin, il accepte la proposition de son frère, le curé Patrick (Doudi Strajmayster), de se déguiser en prêtre et d'aller en Ardèche rejoindre le curé d'un petit village qui le prendra comme séminariste.

Mais quand Mario arrive dans le village, le père Étienne vient de mourir. Les villageois prennent alors Mario pour son successeur! De la méprise naissent toutes sortes de situations comiques.

Le missionnaire veut rappeler les vieux films français, l'époque de Fernandel et de Bourvil, les dialogues savoureux de Michel Audiard dans les années 60, et ces paysages pittoresques du sud de la France où le temps semble s'être arrêté.

«Le missionnaire fait penser à des films comme Un taxi pour Tobrouk ou 100 000 dollars au soleil, dit Jean-Marie Bigard en entrevue avec La Presse. Tous les Lautner, les Verneuil, les Melville... C'est un hommage à ces cinéastes qui faisaient un travail très soigné.»

Pour transformer le Gros Cave français en curé, il a fallu travailler fort, dit Bigard, le cheval fougueux que l'on connaît. «Le réalisateur Robert Delattre m'a plus que bridé. Il m'interdisait de chanter! Il me disait: «Quand tu parles, tu chantes! Descends ta voix!» Je lui disais: «Descends où? Je suis déjà dans la cave!» Il ajoutait: «Quand tu parles, je ne veux qu'une seule note de musique, entre Jean Reno et Lino Ventura.» Quand j'ai réussi à le faire, il a dit: «Ça y est! Jean-Marie est parti. Mario est arrivé!»»

Besson très présent

L'humoriste dit que l'ombre de Luc Besson était omniprésente durant le tournage. «Pas une seule scène n'a été tournée sans qu'on ait répété devant lui. Pour deux scènes importantes, il est même venu de Paris pour me rebriefer.»

Le comédien Doudi, que l'on connaît au Québec pour son interprétation du personnage télévisé de Samantha, joue un curé réservé qui découvre les plaisirs de l'argent et du sexe. «Tout le monde lui demandait ce que ça lui faisait d'avoir lâché sa perruque! dit Jean-Marie Bigard. «Lâchez-moi un peu avec Samantha», qu'il répondait. Doudi est un bon comédien. Luc Besson voulait même qu'il aille plus loin. Il était moins une qu'il ne danse en string sur la table, le curé Patrick!»

À son arrivée au village, le «père Mario» déteste tout le monde mais, petit à petit, il change d'attitude et finit par prôner l'amour universel, réconciliant une famille juive et une famille musulmane qui ne veulent pas que leurs deux rejetons se marient.

Une âme de missionnaire?

Jean-Marie Bigard, qui a coécrit le scénario, a voulu que Le missionnaire ne soit pas seulement un film comique mais fasse réfléchir sur le sens du partage et l'amitié interculturelle. L'humoriste qui dit des bêtises a-t-il une âme de missionnaire?

«C'est le thème du film, dit-il. Mario finit par dire quelque chose digne d'une belle homélie, soit qu'on ne s'occupe même pas d'un voisin qui est à cinq mètres de nous. On s'engueule depuis des générations pour un puits, pour un âne et on ne se préoccupe pas de deux gosses qui s'aiment. Il dit au rabbin et à l'imam: «Ça fait des lustres que vous vous tapez sur la gueule, on ne pourrait pas faire un petit break!»»

Au-delà du rire, il s'agit donc de provoquer une prise de conscience, si nécessaire, de la nécessité de respecter son prochain, quel qu'il soit.

Le message n'a pas très bien passé en France. À cause du film ou des controverses qu'a provoquées Bigard au cours des dernières années? Jean-Marie Bigard reconnaît que les controverses n'ont pas aidé...

«On a fait 240 000 entrées pour ce film, dit Jean-Marie Bigard. Avec Luc Besson, on avait la mâchoire à terre. Le film a presque fait plus en Italie. J'ai hâte de voir ici...»

Durant le tournage, Bigard a porté une soutane. Il s'est aperçu que l'habit fait le moine! «Des mamies venaient me voir comme si j'étais prêtre, me demandant si je pouvais les conseiller! C'est tout juste si je n'allais pas ouvrir le confessionnal! Il y avait un vrai respect pour l'habit et je ne me serais jamais permis de faire un geste obscène, car, quand tu portes la robe, tu ne peux pas te le permettre.»

Le missionnaire prend l'affiche le 5 août.