Delphine Lamarre a 20 ans. Et tous ses déchirements. Entre la danse et la médecine. Entre l’amour et l’amitié. Entre la famille et le groupe. Entre Montréal et New York. Voilà Sur le rythme, un film de danse sur fond de drames. Et de détermination.

Choisir. S’il y a un mot, un seul, pour résumer l’ensemble du scénario de Sur le rythme, film réalisé par Charles-Olivier Michaud, c’est bien celui-là.


À 20 ans, Delphine Lamarre (Mylène St-Sauveur) semble se diriger vers la vie idéale : maison cossue, bagnole incroyable, une porte ouverte sur la médecine (quoique...), des amis, une mamie superbe (France Castel). Et la danse.

Ah, la danse ! Au fond d’elle-même, c’est là où Delphine veut aller. Un idéal qui se heurte de front à la rigidité parentale (Marina Orsini et Paul Doucet). Brouillée, la vie de Delphine prendra une nouvelle courbe le jour où elle rencontrera Marc Painchaud (Nico Archambault), un jeune danseur très (trop ?) sûr de lui, volontaire, fonceur...

« Delphine est une jeune femme qui entretient une énorme passion pour la danse. Elle est très persévérante, elle a un but, celui de devenir danseuse professionnelle. Mais, comme ça peut arriver à quiconque dans la vie, des épreuves apparaissent sur son chemin et la font douter de ses choix, dit Mylène St-Sauveur. Elle a aussi sa propre insécurité. Mais elle décide de surpasser ses difficultés pour atteindre ses objectifs, ce qui montre à quel point elle est forte mentalement. C’est ce que j’aime le plus chez elle : sa force intérieure, son caractère, la petite flamme qui brûle en dedans. »

Cette force de caractère, Delphine la puise entre autres auprès de Marc. « Ce gars-là est très le fun. Je le trouve très simple, lance Nico Archambault qui en est ici à son premier long métrage pour le grand écran. Marc ne passe pas par dix mille détours. Il assume ses choix.

Je trouve qu’il est important dans la vie d’assumer les choix que l’on fait et ce qui en découle. Marc veut danser. Il vient d’un milieu un peu « rough » mais sa mère, qui l’a élevé seule, est sa meilleure amie. Il prend un job de laveur d’autobus, ce qui lui donne les moyens financiers et les horaires flexibles permettant de faire de la danse. Donc, il tire le meilleur de chaque situation. »

Cela ressemble-t-il au propre parcours de Nico Archambault, grand gagnant de la première édition de l’émission So You Think You Can Dance et probablement le danseur professionnel le plus connu du Québec ? « Oui, répond-il. Ma vie familiale ne ressemble pas à celle de Marc mais sur le plan de la danse, je ne me suis jamais inquiété du côté insécurisant de cette vie. Au contraire, ça fait partie de ce que j’aime. Je n’aime pas planifier d’avance, ça me fait paniquer. Je suis très au jour le jour. »

Archambault a organisé les chorégraphies du film tandis que Mylène St-Sauveur, seule comédienne de métier parmi les danseurs, a suivi des cours de danse. L’un et l’autre se sont beaucoup entraidés. Au final, Archambault estime que le fait d’avoir passé du temps sur un plateau de tournage lui a donné de nouveaux outils pour mieux coordonner le travail des danseurs de sa compagnie.

Aérien et spectaculaire
Sur le rythme arrive après plusieurs autres films du même genre : Step Up, Save The Last Dance, StreetDance 3D. Pas le genre de constat qui impressionne la scénariste et productrice Caroline Héroux qui avait signé les scénarios des deux films À vos marques... Party !

Sur le rythme défend sa propre dynamique, assure-t-elle. « L’idée m’est venue en écoutant l’émission Le match des étoiles avec Normand Brathwaite. À la pause commerciale, toutes les annonces avaient rapport à la danse. J’ai constaté à quel point l’intérêt était fort. »


Dans la danse, elle a perçu un thème universel, plus encore que la natation au cœur d’À vos marques... party ! « On a tous un battement de cœur, un rythme à l’intérieur de nous, dit-elle. Chaque personne a son rythme. À mon avis, cela fait qu’on va rejoindre les 7 à 77 ans. Ce n’est pas qu’un film pour les ados. Tout le monde danse. Tout le monde aime danser et veut danser. »


En acceptant le projet, le réalisateur Charles-Olivier Michaud a pris une tangente très différente de son premier film, Snow & Ashes que les Québécois découvriront un peu plus tard, en septembre. « La danse, c’est mon péché coupable. C’est drôle, c’est léger », dit Michaud dont le premier film parle de deux membres des médias pris dans une guerre en Europe de l’Est !


Cette confession faite, le réalisateur n’a pas voulu faire simplement un autre film de danse dans le genre « succession de vidéoclips sagement filmés en plans larges avec caméra posée sur un trépied ». Utilisant la technologie numérique de la RED, il a filmé plusieurs scènes caméra à l’épaule, enchaînant les plans rapprochés, tournant autour des danseurs, virevoltant avec eux.


« Ces gens-là sont des athlètes et des artistes. Je trouve qu’il y a quelque chose d’aérien et de spectaculaire dans la danse, dit-il. C’était un bon prétexte pour faire des plans plus « edgy », d’avoir l’impression de se retrouver dans un film d’action. Jamais je ne travaillerais de cette façon dans un drame. Je voulais voir la danse d’une façon intime, avec les danseurs. »

Or, surprise, quelques mois après avoir terminé son film (tourné à l’été 2010), Michaud a vu Black Swan de Darren Aronofsky tourné dans le même esprit. De quoi bomber le torse !

Film urbain
Ce côté « aérien et spectaculaire » dont parle Michaud, le cinéaste l’a aussi transposé dans les nombreux plans de Montréal. Très urbain, le film nous fait voir le centre-ville sous de nouveaux angles. On sent ici chez ce jeune homme de 31 ans né dans la région de Québec le désir de faire voir sa ville d’adoption sous ses meilleurs jours.


« Une des premières réactions que j’ai eues en lisant le scénario est de me dire que jamais je n’aurais la chance de faire un film aussi urbain, dit-il. Je voulais montrer le Montréal que je connais. Montréal est une super de belle ville qui n’est pas raffinée. Il y a quelque chose de cru dans cette ville et c’est ce que j’aime. »

Plusieurs types de danse

Lorsqu’on lui demande en quoi Sur le rythme se distingue des autres films de danse réalisés ailleurs dans le monde, la scénariste et productrice Caroline Héroux souligne l’histoire « plus profonde », faite de quelques nœuds dramatiques, mais aussi de la diversité des numéros de danse.


« Contrairement aux films de danse vus dans le passé, nous avons tous les genres de danse, dit-elle. Il y a du hip-hop, du break dance, du ballet, du contemporain, tout, tout, tout. On a ratissé large. »

Mme Héroux estime que le film est ainsi plus riche. « On ne voulait pas se limiter à un seul genre de danse, comme on le voit dans les films américains. Je pense que la force du film, elle est là aussi. »

En plus de son rôle de Marc Painchaud, Nico Archambault a orchestré toutes les chorégraphies avec son épouse Wynn Holmes. Pour les besoins du tournage, il y a eu jusqu’à une soixantaine de danseurs et chacun est arrivé avec sa spécialité, dit Caroline Héroux.

« Delphine est une bonne thérapie » - Mylène St-Sauveur

Se reconnaissant « totalement » dans le personnage de Delphine, la comédienne Mylène St-Sauveur estime que le fait de se glisser dans la peau de cette danseuse aux nombreux questionnements l’a confortée dans son désir de consacrer sa vie à la carrière de comédienne.


« Je me reconnais dans tout ce qui concerne le questionnement sur la vie future, sur les choix à faire. Est-ce que c’est réellement ça (être actrice) que je veux faire toute ma vie ? Est-ce que ça va m’apporter assez ? Est-ce que je le fais pour moi ? Ce sont des questions que je me pose chaque jour. Ces questionnements, je les ai aussi en tant que comédienne », expose la jeune femme de 21 ans qui défend déjà de nombreux rôles tant au cinéma qu’à la télévision (5150, rue des Ormes, Maurice Richard, Nos étés, Les invincibles, Destinées, etc.).


Or, les réponses sont venues avec le tournage de Sur le rythme.


« Delphine pour moi était une bonne thérapie, poursuit St-Sauveur en rigolant. Depuis que je suis petite, je sens à l’intérieur de moi qu’être comédienne, s’est ce que je veux faire. Mais je pense que ça s’est confirmé avec ce rôle-là. Et j’ai envie d’aller encore plus loin. »
Delphine arrivait donc à point nommé. « Il fallait que je sois capable de porter ce film-là sur mes épaules, dit-elle. Je sais qu’il y a tout le travail des autres comédiens et artisans, mais Delphine est le rôle-titre. J’avais besoin d’un tel défi. J’étais rendu là dans mon cheminement. »


Mylène St-Sauveur voit beaucoup de parallèles et de rapprochements entre les métiers d’acteur et de danseur avec ses questionnements et ses fragilités. Son moulage dans la peau d’une danseuse est allé loin. « J’ai découvert leur réalité au fil de l’entraînement, dit-elle. Il a fallu que je me mette à manger différemment, à boire constamment de l’eau, à changer mon rythme de vie. J’ai pas mal tout changé. »


Somme toute, le rôle de Delphine est un très beau cadeau. « On ne dit pas non à une telle proposition. »

Sur le rythme sort en salle le 10 août.