L'histoire: En 1953, alors qu'il est au sommet de son règne de terreur, Joseph Staline est frappé en pleine nuit par une attaque cérébrale. On le retrouve au matin, agonisant sur le plancher de sa datcha où il sera déclaré mort trois jours plus tard, ce qui prend de court le pays en entier. Réunis d'urgence, ses proches conseillers règlent tant ses funérailles que sa succession dans un état de panique totalement absurde.

À l'instar de la nature, le pouvoir a horreur du vide. Alors lorsque disparaît l'un des pires tyrans de l'histoire de l'humanité, tout est permis pour combler ce vide.

The Death of Stalin est une comédie satirique réalisée par le cinéaste britannique Armando Iannucci. On suit l'entourage de Staline pris de court par la mort du petit père des peuples. Alors que son corps est encore chaud, le «comité» est déjà partagé entre les ambitions politiques des uns et l'avenir du régime soviétique après Staline. De manière absurde, à gros traits tant dans le jeu que dans la réalisation, le film illustre ce pan de l'histoire d'un pays marqué par la tyrannie.

Si le scénario prend des libertés avec la chronologie des événements, les faits, les personnages politiques, la perfidie et les complots sont bien réels.

Le film est une adaptation de la bande dessinée française de Thierry Robin et de Fabien Nury, dont le sous-titre est d'ailleurs Une histoire vraie... soviétique. Pas surprenant que le ministre de la Culture à Moscou ait suspendu la licence de distribution du film en Russie en janvier dernier. «Non seulement Staline, mais tous ses maréchaux sont dépeints comme des idiots hideux, alors que ce sont eux qui ont gagné la guerre», a affirmé à l'Agence France-Presse le réalisateur Nikita Mikhalkov (Soleil trompeur); ce qui résume le malaise russe, dans un pays où Staline demeure le dirigeant le plus populaire après Poutine...

Certes, le portrait des derniers instants de Staline se veut caricatural. Toutefois, notre malaise avec la comédie réside ailleurs.

Lorsqu'on se penche sur une période aussi sanglante et tragique (les purges staliniennes ont fait entre 15 et 20 millions de victimes en URSS), on ne peut pas la réduire à une simple farce. Certes, on peut dénoncer l'horreur par l'humour. Comme Chaplin avec Le dictateur (sur Hitler) ou Roberto Benigni avec La vie est belle (sur les camps de la mort). Ces deux comédies nous font rire sans occulter les éléments troublants. Or, ces films nous émeuvent parce qu'ils nous éclairent sur les dérives de l'humanité.

The Death of Stalin fait tout le contraire. La farce est beurrée tellement épais qu'on pourrait croire que les événements décrits sont purement fictionnels, malgré leurs ressemblances avec la réalité...

* * *  

The Death of Stalin (V.S.T.F.: La mort de Staline). Comédie dramatique d'Armando Iannucci. Avec Steve Buscemi, Simon Russell Beale, Jeffrey Tambor. 1 h 48.

Consultez l'horaire du film

image fournie par Entract Films

The Death of Stalin