Il y a deux ans, The Force Awakens nous a réconcilié avec la franchise Star Wars, abîmée par la deuxième trilogie du début des années 2000. Le film de J.J. Abrams était réconfortant, mais trop similaire à A New Hope. Les attentes étaient donc considérables pour sa suite, The Last Jedi. Sur la bonne voie, ce huitième épisode devait cependant être plus audacieux, plus surprenant et surtout plus original. Il l'est, mais seulement en partie.

Malgré le triomphe de la Résistance à la fin de l'épisode VII, la First Order règne maintenant sur la galaxie. La majorité des défenseurs de la République ont été anéantis, et les troupes de la générale Leia Organa (Carrie Fisher) sont maintenant seules dans leur combat contre les forces du mal. Ainsi, ils sont forcés de battre en retraite en attendant le retour de leur sauveur, celui qui va fournir l'étincelle qui ravivera l'espoir chez les alliés de la Résistance, Luke Skywalker (Mark Hamill). Mandatée par Leia, la jeune Rey (Daisy Ridley), qui semble détenir le pouvoir (la Force) de changer le cours des événements, tentera de convaincre le maître Jedi reclus de brandir de nouveau son sabre laser. 

Des performances irréprochables

Daisy Ridley est remarquable dans le rôle d'une jeune femme très forte et déterminée, mais constamment à la recherche de ses repères. Comme avec Harrison Ford dans The Force Awakens, la chimie opère entre la Britannique de 25 ans et Mark Hamill. Sa fougue permet de découvrir une facette inconnue du mythique Luke. Le vétéran est solide dans la peau du Jedi bourru, comique bien malgré lui.

Encore plus efficaces sont les scènes entre Rey et Kylo Ren (Adam Driver). Leurs combats intérieurs sont révélés par des échanges télépathiques où les deux se rendent compte qu'ils ont plusieurs points en commun malgré des allégeances opposées. Leurs questionnements deviennent ceux du spectateur, qui, pour la première fois dans l'histoire de Star Wars, a de la difficulté à se positionner dans le combat entre le bien et le mal. La vulnérabilité, l'incertitude et la rage exprimées par Adam Driver sont d'une sincérité époustouflante.

L'as pilote Poe Dameron (Oscar Isaac), relégué au second plan dans l'épisode précédent, amène ici un autre élément de nouveauté : de la dissension au sein de la Résistance. En s'opposant aux ordres de Leia et de la vice-amirale Amilyn Holdo (Laura Dern), il brise l'image souvent trop lisse des «bons». La dynamique entre Oscar Isaac et Carrie Fisher permet au huis clos qui se déroule à l'intérieur du vaisseau amiral de la Résistance de rester captivant.

La mort inattendue de Carrie Fisher, il y a près d'un an, fait en sorte que ses scènes, surtout celle avec Luke, revêtent une émotion plus tangible que si le destin en avait décidé autrement. Même si cet effet n'était pas prévu, il faut certainement reconnaître au réalisateur et scénariste Rian Johnson un peu de mérite pour la place qu'il a laissée à la princesse dans son histoire. Elle est dévouée, optimiste et inspirante.

Intrigue inutile

The Last Jedi est le plus long chapitre de la série. L'action et les revirements font en sorte qu'on ne s'ennuie pas, mais le retrait de quelques scènes aurait donné un film mieux resserré, en plus d'évacuer certains éléments irritants. L'intrigue mettant en vedette l'attachant Finn (John Boyega) et la nouvelle venue Rose Tico (Kelly Marie Tran) rompt avec le ton du reste de l'aventure et n'a, en fin de compte, pratiquement aucun impact.

C'est au dernier acte que The Last Jedi devient imprévisible et survolté. La charge émotive augmente d'un cran et on se demande parfois comment se sentir par rapport aux décisions des héros. Un sentiment plutôt inédit dans cet univers. Cependant, le moment « wow », celui qui nous transporte depuis 40 ans de film en film, n'a pas réellement lieu. L'étincelle qu'on espérait ne se produit pas. Il faut croire qu'on a décidé de la garder pour la suite.

* * * 1/2

Star Wars - The Last Jedi (V.F.: Star Wars - Les derniers Jedi). Science-fiction de Rian Johnson. Avec Daisy Ridley, Adam Driver, Mark Hamill. 2 h 30.

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Image fournie par Lucasfilm