C'est la suite qu'on n'attendait pas vraiment. Dans ses troisième et quatrième volets, la franchise Pirates of the Caribbean semblait... non pas couler, mais elle n'avait plus le vent dans les voiles. Bref, était-il vraiment nécessaire d'ajouter une page aux aventures de Jack Sparrow?

Oui.

Juste oui.

Un souffle frais propulse en effet Dead Men Tell No Tales. Un souffle qui rappelle pourquoi The Curse of the Black Pearl avait connu un tel succès populaire (et même critique). Et pourquoi ces longs métrages, même trop longs, malgré leurs intrigues emberlificotées, avaient continué à gagner la faveur du public.

Après tout, on parle d'une saga qui a jusqu'ici rapporté plus de 3,7 milliards au box-office.

Ce cinquième volet va indubitablement apporter de l'eau au moulin. Beaucoup. Johnny Depp y apparaît en très grande forme (et ça fait plaisir) dans la peau du pirate rock et cool qu'il a fait entrer dans la légende. Orlando Bloom et Keira Knightley y font une apparition justifiée et émouvante.

Quant à Geoffrey Rush, il y fait merveille (sait-il faire autrement?) en reprenant le rôle pivot (ou ancre?) de Barbossa.

Et il y a les nouveaux venus.

Le jeune (futur?) couple composé de Brenton Thwaites (The Giver) et Kaya Scodelario (The Maze Runner) est charismatique et crédible. Le premier incarne Henry, fils de Will et d'Elizabeth (Bloom et Knightley). La seconde campe Carina, jeune astronome à une époque où les femmes de science étaient étiquetées sorcières - et c'est ce qui lui arrive.

Formidable Javier

En ce qui concerne la présence menaçante planant sur le récit, elle est celle du capitaine Salazar, légendaire chasseur de pirates qui tient Jack Sparrow responsable de sa chute - et de sa «non-mort».

Prisonnier du Triangle du Diable avec son équipage, il cherche à s'échapper afin de trouver le Trident de Poséidon qui lui permettra d'exterminer tous les flibustiers qui sillonnent les mers.

Pour incarner ce mort-vivant, Javier Bardem - et quantité d'effets spéciaux superbes le faisant apparaître décati, morcelé - , qui semble avoir un plaisir aussi monstrueux que l'est son personnage à jouer ce rôle-là. Et ce plaisir est contagieux.

Au final, on retrouve ici un récit échevelé, mais familier, bercé par une trame sonore où Geoff Zanelli décline bellement celle, majestueusement efficace, que Hans Zimmer a créée pour la saga.

Un récit qui aurait pu être un peu raccourci (même si, pour la première fois, la croisière fait à peine plus de deux heures) et qui emprunte en rythme et en rebondissements à ce que l'on connaît de la franchise: l'apparition flamboyante de Jack Sparrow, suivie d'une évasion-poursuite rocambolesque visuellement drôle et spectaculaire, etc.

Toutefois, nouveaux venus dans la série, les réalisateurs Espen Sandberg et Joachim Rønning font du bon travail, mais n'atteignent pas (encore) le je-t'en-mets-plein-la-vue de Gore Verbinski pour les scènes d'action.

Quant à l'intrigue, elle se tient plutôt bien. Quiconque s'y perdrait pourra toujours paraphraser un des personnages: «Tu n'as pas à comprendre. Contente-toi d'y croire.» Et si veut y croire, on y croit. On embarque avec allant sur cette galère. Quand on en descend, c'est léger et souriant.

* * * 1/2

Pirates of the Caribbean - Dead Men Tell No Tales (V.F.: Pirates des Caraïbes - Les morts ne racontent pas d'histoires). Film d'aventures d'Espen Sandberg et Joachim Rønning. Avec Johnny Depp, Javier Bardem, Brenton Thwaites et Kaya Scodelario. 2h09.

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Pirates of the Caribbean - Dead Men Tell No Tales