Ce film, présenté hors compétition au Festival de Cannes l'an dernier, est une véritable oeuvre d'art. Il emprunte la forme de tableaux vivants où, ironiquement, la mort suinte de partout.

Dans la chambre royale, où veillent en permanence médecins, valets et courtisans, gît le théâtre de l'attente. Un geste à peine esquissé suscite l'émoi, l'ingestion d'un bout de biscotin est applaudie. À mots feutrés, on s'inquiète devant l'inéluctable issue de cette lente agonie, et de l'avenir d'un royaume sur lequel aucun autre souverain n'a régné depuis plus de sept décennies.

La réalisation du cinéaste catalan Albert Serra, souvent composée de longs plans-séquences, est exceptionnelle. Construite entièrement autour du corps du mourant, baignée d'une lumière crépusculaire, celle-ci donne corps à la matière, aux textures. Qu'un tel soin ait été apporté à la direction artistique évoquant l'agonie du Roi-Soleil, patron des arts, tombe sous le sens.

Jean-Pierre Léaud, immense, livre ici une composition quasi confondante. Joue tremblante, lèvre frémissante, regard affolé, l'alter ego de François Truffaut se jette corps et âme dans ce rôle transcendant. À la fois beau, troublant, saisissant, et très particulier, La mort de Louis XIV fait partie de ces oeuvres qui marquent les esprits.

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Drame historique

La mort de Louis XIV 

Albert Serra

Avec Jean-Pierre Léaud, Patrick d'Assumçao, Marc Susini

1 h 55

Image fournie par la production

La mort de Louis XIV