Disons-le d'entrée de jeu, le nouveau film de Patrice Sauvé (CheechGrande Ourse - la clé des possibles) devrait connaître à coup sûr un bon succès populaire. Toutes les cordes sensibles du mâle québécois issu de la génération X vibreront assurément à cette comédie dramatique en forme d'effet de miroir, qui fait écho aux choses fondamentales de la vie. Au-dessus desquelles trône évidemment le hockey du Canadien.

D'autant que le récit, inspiré du roman de Matthieu Simard (qui signe aussi le scénario de ce film), fait écho à la saison 2009-2010, celle où le peuple entier ne communiait plus qu'à l'autel de la Sainte-Flanelle, alors finaliste de son association. C'était aussi l'époque de l'inépuisable feuilleton «Price ou Halak», du centenaire de la création de l'équipe et de la sortie d'un très mauvais film produit pour l'occasion (non évoqué dans Ça sent la Coupe).

Mais au-delà de son charme évident, ainsi que de celui de son interprète principal, ce film parviendra-t-il à toucher les spectateurs pour qui le hockey du Canadien n'a rien d'une religion?

Force est de constater que Ça sent la Coupe est en effet marqué par quelques flottements sur le plan narratif. Les dialogues manquent aussi parfois de punch. À cet égard, ceux qui auraient espéré une franche comédie aux répliques assassines devront revoir leur plan de match. On mise ici sur le sentiment de nostalgie et de tendresse. On évoque aussi parfois de façon frontale la douleur de l'absence.

Le point de départ de l'histoire repose d'ailleurs sur une rupture amoureuse. Admirateur aveugle du Canadien, Max (Louis-José Houde) n'a rien vu venir du départ de sa dulcinée parce que toute sa vie tourne pratiquement autour des matchs du Tricolore. Qu'il suit avec avidité avec sa bande de chums qui, comme lui, n'ont jamais quitté l'adolescence. Ponctué par les faits marquants de la saison, le récit évoquera ainsi la profonde crise existentielle dans laquelle Max s'enfonce, amplifiée de surcroît par l'arrivée dans le décor d'une soeur (Julianne Côté) qui s'était exilée à Vancouver pendant sept ans.

L'image du père

Se concluant au son d'une chanson accrocheuse de Dumas (Les compteurs à zéro), la réflexion sur les grands thèmes de l'existence, l'amour, l'amitié, la famille, est dominée ici par l'image du père. Max évoque en effet souvent les moments de complicité et d'affection partagés avec le sien, que seul l'amour du hockey pouvait cristalliser. En son honneur, Max a d'ailleurs pris la relève du magasin de «cossins» à l'effigie du CH que tenait jadis le paternel. En cela, Ça sent la Coupe s'inscrit dans la lignée de ces (nombreux) films québécois dont le récit est construit autour des relations père-fils, un sujet apparemment inépuisable.

Cela dit, Louis-José Houde effectue ici du bon travail à titre de comédien, au point où l'on en vient presque à oublier sa personnalité d'humoriste. L'acteur est aussi bien entouré (par Julianne Côté et Louis-Philippe Dandenault, notamment), mais certains personnages périphériques - amoureuse et amis - auraient pu être mieux développés.

L'ensemble n'en demeure pas moins sympathique pour autant, même s'il s'adresse d'abord et avant tout à l'homo quebecisus amateur de hockey.

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Ça sent la Coupe. Comédie dramatique de Patrice Sauvé. Avec Louis-José Houde, Émilie Bibeau, Julianne Côté. 1h37.

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IMAGE FOURNIE PAR LES FILMS SÉVILLE