L'histoire: Vincent (Jean-Simon Leduc), batteur et gars d'usine en région, a des ennuis parce qu'il a volé du pot aux motards. Désemparé, il renoue avec son frère Michel (Martin Dubreuil), un toxicomane au look de Raspoutine, pour se sortir du pétrin.

Karl Lemieux a fait une entrée remarquée avec son premier long métrage. Invité aux festivals de Venise, Rotterdam et au FNC de Montréal, entre autres, Maudite poutine se distingue par sa proposition audacieuse qui mise sur une esthétique radicale, tant sur le plan visuel que sonore.

Le réalisateur québécois a d'abord oeuvré dans le cinéma expérimental et aime la musique de la marge. Son film sans compromis, tourné en 16 mm noir et blanc, en est nécessairement imprégné. Maudite poutine s'ouvre d'ailleurs avec des images stroboscopiques et du son dissonant «dans le piton». 

Maudite poutine nous entraîne sur les chemins de campagne où la dope, la défonce et la violence des gangs font leur loi.

Dans un scénario un peu mince que néglige parfois Lemieux, il est question d'amour fraternel, de sacrifice, de mal-être. Des thèmes très souvent abordés au cinéma québécois. L'originalité de ce long métrage sombre, outre sa vision honnête d'une certaine vie rurale, réside surtout dans l'habileté de Lemieux de créer un climat fortement anxiogène grâce à un travail minutieux sur le son.

Filmé avec trois fois rien, Maudite poutine se distingue néanmoins par sa volonté de faire du cinéma autrement, tout en s'inscrivant dans la tradition d'auteurs des réalisateurs québécois avec une signature forte.

* * *

Maudite poutine. Drame de moeurs de Karl Lemieux. Avec Jean-Simon Leduc, David Bryant et Martin Dubreuil. 1h35.

> Consultez l'horaire du film

Image fournie par Funfilm distribution

Maudite poutine