Il y a quelque chose d'extrêmement familier dans Fantastic Beasts and Where to Find Them. On est chez J.K. Rowling, dans cet univers qu'elle a créé jusqu'aux plus infimes détails, et chez David Yates, un vétéran de ce monde puisqu'il a réalisé les quatre dernières adaptations des Harry Potter.

Le connu et le confortable côtoient ainsi la découverte et l'original. Car ce retour chez les sorciers ne se fait pas en compagnie du sorcier à lunettes, à Poudlard ni même en Angleterre. Direction toute vers New York, en 1926, en compagnie de personnages dont on ne sait à peu près rien, mis dans des situations dont on ignore à peu près tout.

Que demander de plus?!

Soyons pointilleux et, disons, un ton plus assumé. On oscille ici entre le slapstick destiné aux plus jeunes (les animaux fantastiques - magnifiques au demeurant - y contribuent beaucoup) et la noirceur des âmes et des gens façon «rowlingienne». Il est vrai que, contrairement à ce qu'on trouvait dans les Harry Potter, les personnages principaux sont ici des adultes. Il faut trouver comment «accueillir» les enfants dans leurs aventures.

Mais, bon, nous sommes dans l'«histoire des origines» d'une saga qui comptera cinq volets, les choses ne tarderont pas à se placer. Allez, on se mouille: ce n'est même pas une prédiction, c'est une assurance.

Brièvement, ce qu'il en est...

Newt Scamander, magizoologiste anglais qui signera le manuel scolaire que, 70 ans plus tard, Harry Potter et ses copains auront entre les mains, débarque dans la Grosse Pomme, des animaux fantastiques dans ses poches et sa valise.

Il découvre alors un nouvel ordre, une nouvelle façon de vivre la magie parmi les No-Majs (les Moldus américains), alors que la ville est, en parallèle, aux prises avec une force mystérieuse qui sème la destruction.

Distribution solide

Et puis, une ombre plane sur le monde (le «grand plan» de J.K. Rowling, qui signe le scénario, est là) et elle porte un nom familier aux fans de Harry Potter, celui de Grindelwald. Qu'incarne Johnny Depp, pour l'instant à titre de figurant.

Les stars de Fantastic Beasts sont Eddie Redmayne, formidable et juste assez «particulier» dans le rôle de Newt. Katherine Waterston joue une Auror déchue, Porpentina, que l'on attrape ici dans un moment de faiblesse qui ne durera sûrement pas. Alison Sudol se glisse dans la peau de sa soeur, Queenie, qu'elle rend adorable. Don Fogler interprète Jacob Kowalski, un No-Maj attachant dont le regard stupéfait sur le monde des sorciers porte le point de vue des spectateurs. Et Ezra Miller est grand, tout simplement grand, et déchirant, en Credence Barebone, orphelin maltraité par sa mère adoptive, mal dans sa peau, instable.

Ils sont tous excellents... parce qu'ils le sont, mais aussi parce qu'à son habitude, J.K. Rowling a créé des personnages qui ont une épaisseur, de la nuance, qu'elle les place là où l'émotion peut toujours surgir et qu'elle aborde en leur compagnie ces thèmes importants qui lui sont chers: la famille, l'amitié, la douleur de la solitude, le combat entre le bien et le mal, les horreurs découlant du fanatisme et de l'intransigeance, le côté obscur du pouvoir.

L'ensemble, merveilleusement baroque et gothique, est servi par des effets spéciaux et une direction artistique de très haut calibre; enrobé par une trame sonore de James Newton Howard où «s'entend» un minimum de Harry Potter avant qu'elle ne vole de ses propres notes.

Bref, en attendant un pur rendez-vous magique, disons que la magie est déjà pas mal au rendez-vous.

* * * 1/2

Fantastic Beasts and Where to Find Them (V.F.: Les animaux fantastiques). Film fantastique de David Yates. Avec Eddie Redmayne, Katherine Waterston, Ezra Miller. 2h13.

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Photo fournie par Warner Bros.