Donnie Brasco aurait tout simplement pu rencontrer Blow. Les films sur le trafic colombien de cocaïne dirigé par Pablo Escobar et sa bande dans les années 80, tout comme ceux sur les flics qui ont infiltré son organisation pour la démanteler, ne sont-ils pas aussi nombreux que ceux consacrés à la mafia italienne ?

Mais The Infiltrator ne se contente pas de relater l'histoire vraie de Robert Mazur, cet agent spécial américain qui a participé pendant deux ans à l'Opération C-Chase, à l'origine du plus gros démantèlement de l'histoire des États-Unis.

Le long métrage de Brad Furman (The Lincoln Lawyer), adaptation de l'autobiographie de Mazur, va plus loin dans le « syndrome Donnie Brasco », exposant toute la difficulté d'une vie de famille saine tout en fricotant avec les plus grands barons de la drogue.

Un rôle sur mesure pour Bryan Cranston, le Walter White de la série Breaking Bad, passé maître dans l'art de mener une double vie.

Dans l'antre d'Escobar

L'agent fédéral Robert Mazur a pour mission d'infiltrer le cartel de la drogue de Pablo Escobar. Son but : faire tomber 85 barons et une banque internationale. Son plan : s'inventer un passé, une identité, une fiancée. Son risque : le moindre faux pas lui sera fatal.

Il devient pour cela Bob Musella, homme d'affaires italien véreux qui va blanchir des sommes astronomiques pour Escobar en se servant de son réseau d'investissement et en traitant avec les plus grosses banques. Alors qu'il réussit à fricoter avec de petites mains d'Escobar, il se retrouve en mauvaise position en refusant de coucher avec une stripteaseuse : il s'en tire en disant qu'il veut partir sur de bonnes bases avec sa fiancée, alors qu'en fait il ne veut pas trahir sa femme. Un incident qui le force à accueillir à ses côtés dans sa mission ladite fiancée (Diane Kruger).

Plus il avance vers Escobar, plus il va se frotter à des tueurs sanguinaires qui n'hésiteront pas à le tuer, lui et sa famille, s'ils se sentent trahis. 

Jusqu'à sa rencontre avec le lieutenant du mythique chef du cartel, Roberto Alcaino (Benjamin Bratt), et sa femme, avec qui il va développer une sincère amitié. Une relation intéressante qui permet de montrer le côté plus humain et nuancé de l'agent d'infiltration.

Dans la peau de l'agent Emir Abreu, partenaire de Mazur, le comédien John Leguizamo (The Lincoln Lawyer) a sans aucun doute décroché le meilleur rôle de sa carrière. Diane Kruger reste quant à elle toujours très crédible dans la peau de la fiancée de Musella.

Nuances

The Infiltrator ne peut certes pas toujours compter sur son scénario pour séduire, mais grâce à la brillante interprétation de Cranston, le long métrage évite l'autoroute du cliché. Un film taillé sur mesure pour l'acteur de Breaking Bad qui trouve son alter ego en Robert Mazur et renouvelle le genre.

Sa capacité à incarner le bien et le mal, comme les deux facettes d'une même médaille, et l'aventure captivante de l'agent double permettent de garder la charge dramatique à son paroxysme jusqu'au dénouement. À voir.

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The Infiltrator

Thriller de Brad Furman, 2 h 07

Avec Bryan Cranston, John Leguizamo et Diane Kruger

Image fournie par Broad Green Pictures

The Infiltrator