Jusqu'où est-on prêt à aller pour venger la mort de son enfant? Jusqu'au bout, répondrait probablement André Bamberski. Au nom de ma fille de Vincent Garenq (L'enquêtePrésumé coupable) s'inspire de l'histoire vraie de cet homme qui a passé près de 30 ans à pourchasser l'assassin de sa fille aînée, un homme qui a réussi trop longtemps à passer entre les mailles du filet de la justice.

L'affaire Dieter Krombach a fait grand bruit lorsque le père a payé des hommes de main pour enlever ce sinistre médecin et le traîner devant les tribunaux en France. Pour cela, Bamberski a été condamné à un an de prison avec sursis en 2014.

Ce film, qui nous promène du Maroc à l'Allemagne en passant par la France, et qui retrace toutes les étapes de l'enquête personnelle d'André Bamberski, est le film d'un seul homme: Daniel Auteuil. Très émouvant dans son chagrin inconsolable, et plutôt inquiétant dans son obsession de pincer le coupable.

Tout commence lorsque sa femme Dany (Marie-Josée Croze), un peu désoeuvrée parce qu'il travaille trop, tombe amoureuse de Dieter Krombach (Sebastian Koch), médecin allemand séduisant. André et Dany se séparent en plus ou moins bons termes, et la vie continue. André retrouve l'amour avec Cécile (Christelle Cornil), il vit la garde partagée de ses deux enfants, Kalinka et Pierre.

C'est lors des vacances estivales que les enfants passent en Allemagne chez leur mère et leur beau-père qu'André apprend le pire: Kalinka est morte subitement, dans d'étranges circonstances. Dieter Krombach lui aurait fait une injection de fer, soi-disant pour l'aider à bronzer, et elle aurait mal réagi. Mais les tentatives de réanimation plutôt absurdes du docteur et les résultats de l'autopsie, qui montrent des signes d'agression sexuelle, semblent raconter une autre histoire. André Bamberski ira jusqu'à faire déterrer le corps de sa fille, pour y découvrir que tout l'appareil génital a été mystérieusement retiré.

Découvrir la vérité

Ce qui ne l'empêchera nullement de se lancer dans un combat épuisant pour découvrir la vérité et faire condamner Krombach. Sur sa route, de nombreux obstacles: le déni de son ex-femme (Croze est presque enrageante dans son interprétation d'une femme aveuglée par l'amour), qui préfère croire que son ex-mari est motivé par la jalousie, les règles contradictoires de la justice entre différents pays européens, Krombach qui se faufile comme une anguille, l'exaspération des policiers qui voient en Bamberski un obsédé, jusqu'à Cécile, qui supporte de moins en moins le temps qu'André consacre à son enquête. Mais on comprend bien que rien n'empêchera ce père de lâcher le morceau. Et plus il avancera, plus il révélera les actes répugnants de Dieter Krombach, accusé par d'autres femmes d'agressions sous l'effet de sédatifs.

On a l'impression d'avoir vu 100 fois au cinéma ces histoires policières de parents qui veulent se faire justice, envers et contre tous. Le principal intérêt de ce film-ci est qu'il s'inspire de faits réels, rendus sobrement et respectueusement par Vincent Garenq. Enfin, on y va surtout pour l'interprétation intense de Daniel Auteuil, comédien impeccable en toutes circonstances, extrêmement crédible dans cette triste quête. Au bout du compte, on ne peut qu'avoir une certaine admiration pour cet homme tenace, qui a débarrassé la planète d'un dangereux prédateur.

* * * 1/2

THRILLER. Au nom de ma fille. De Vincent Garenq. Avec Daniel Auteuil, Marie-Josée Croze et Sebastian Koch. 1h27. 

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Image fournie par AZ Films

Au nom de ma fille