On commence à rire dès le début du générique d'ouverture. Et on arrête... probablement quelque part sur le chemin de retour - bref, un bon moment après avoir quitté le cinéma. Pour rester un peu dans le ton de Deadpool de Tim Miller, ce métafilm de super (anti)héros est pissant.

C'est irrévérencieux et plein de sous-entendus, ça dégouline d'ironie et d'autodérision, ça n'hésite pas à briser le quatrième mur. Ça multiplie les références à l'univers Marvel (dont c'est, et de loin, la plus vulgaire progéniture) et à la culture pop. Ce n'est pas vraiment «familial» (cote: 13 ans et plus). Et ça permettra à Ryan Reynolds de renouer avec le succès tout en se fichant ici de sa propre gueule; là, de celle du personnage qui a précipité sa chute: Green Lantern.

Réalisé avec enthousiasme par un pro de l'animation qui prend les rênes d'un cheval fou, Deadpool met en lumière cet esprit de renouveau, cet air du temps qui grenouillait depuis un moment dans les films du genre - en filigrane dans Avengers et Guardians of the Galaxy, de façon plus explicite dans Kick-Ass et Watchmen, et qui devrait être de nouveau au rendez-vous dans Suicide Squad avec ses antihéros tordus.

Tout en étant fidèle au ton et à l'esprit des comic books, ce long métrage pourrait être celui qui plaira à ceux qui ne sont pas (du tout) fans du genre.

Et à ceux qui, amateurs fonctionnels, commencent à trouver insipide la sauce étirée.

Bien sûr, quiconque voue un culte aux X-Men - Deadpool (Wade Wilson, au civil) fait en effet partie des célèbres mutants et le personnage faisait une (douloureuse) apparition dans X-Men Origins: Wolverine - risque de trouver l'expérience traumatisante.

Soigner l'incurable

Petite mise au clair pour les non-initiés: Wade Wilson est un ancien membre des forces spéciales devenu mercenaire. Il rencontre une splendide «fille de la nuit» (Morena Baccarin, qui - autre vie! - a été la femme de Nicholas Brody dans Homeland). Ils vivent le parfait bonheur, fréquentent allègrement le septième ciel entre les draps. Jusqu'à ce que Wade apprenne qu'il souffre d'un cancer. Incurable. À moins que.

Intervient ici Francis/Ajax (Ed Skrein), qui possède une cure. Laquelle vient avec un prix - la douleur - mais également, une prime: le «cobaye» se transforme en un surhomme aux formidables facultés de régénérescence. Parfait. Sauf que. Wade sera aussi méchamment défiguré. Sans raison valable. Le savant (fou?) a pris son pied avec lui. Point. 

Le dernier acte du film est du Marvel classique (on démolit tout), mais la touche d'humour permet de sortir ici et là des ornières. L'action se déroule souvent sur des chansons pop qui font contrepoint à ce qui se passe à l'écran (façon Guardians of the Galaxy et Kick-Ass), ce qui élargit les sourires.

Et Ryan Reynolds, en grande forme, est formidablement encadré: Morena Baccarin manie voluptueusement une langue assassine; TJ Miller en meilleur ami de Wade est aussi drôle que ce que l'on attend de lui; Ed Skrein est parfaitement glacial de furie contenue. Oh, et la désormais obligatoire apparition de Stan Lee, elle est l'une de ses meilleures.

Que demander de plus? Une suite? C'est risqué. Mais si l'on se fie à l'actuel paysage superhéroïque, elle est probablement déjà en train de mijoter quelque part.

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COMÉDIE D'ACTION. Deadpool. De Tim Miller. Avec Ryan Reynolds, Morena Baccarin, T.J. Miller, Ed Skrein. 1h48.

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photo fournie par fox

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