Prix du jury dans la section Un certain regard à Cannes l'an dernier, Soleil de plomb est une coproduction entre trois nations - Croatie, Serbie, Slovénie - dont des représentants s'entretuaient encore il n'y a pas si longtemps. Cette réunion est l'une des belles réussites de ce petit film relatant trois histoires d'amour étendues sur une période de 20 ans.

La première se situe au début du conflit dans les Balkans. Ivan et Jelena sont à peine sortis de l'adolescence. Ils s'aiment naïvement alors que, comme ils sont de nationalités différentes, tout, incluant les membres de leur famille respective, les oppose. La haine les séparera, d'ailleurs.

La haine et sa meilleure amie, la colère, celle qui aveugle et fait commettre l'irréparable bien souvent, marquent les trois récits. Après le conflit armé, Natasha et sa mère retournent vivre dans la maison familiale dévastée. Ante, qui n'est pas de la même nationalité, s'occupera des travaux de réparation. D'abord indifférent à Natasha, il tombera finalement sous le charme.

La troisième histoire raconte le retour de Luka dans son village natal pour une fête se voulant interethnique et rassembleuse. Il reverra son ancienne flamme, Mare, qui a eu un enfant de lui avant qu'il ne parte pour la ville, mais la réconciliation paraît impossible.



La force des détails

La mise en scène de Dalibor Matanic est sobre et intelligente. Les trois couples d'amoureux sont interprétés par le même duo d'acteurs, assurant un lien symbolique entre les récits qui les fait dépasser l'anecdote et les époques. Le cinéaste nous montre un monde qui pourrait être le nôtre, où les paysages sont magnifiques, notamment, mais qui est hanté par la bêtise des uns et des autres ethnies belligérantes.

La guerre n'est presque pas présentée de manière frontale. On la sent dans les détails, les dialogues et, parfois, le racisme ambiant.

Le film souffre de quelques longueurs - la scène finale de la fête, entre autres - et paraît parfois cousu de fil blanc. Mais Soleil de plomb sait aussi émouvoir simplement le cinéphile.

Dans l'absurdité de la guerre, avant, pendant et après les conflits armés, l'amour n'a rien de parfait. Il n'est pas toujours propre et innocent. Il peut devenir violent et vengeur. Mais il existe bel et bien. Au-delà des ethnies.

Cet état de fait laisse la porte ouverte aux possibles, selon Dalibor Matanic. Aux enfants et à l'avenir.

* * * 1/2

DRAME. Soleil de plomb. De Dalibor Matanic. Avec Tihana Lazovic, Goran Markovic et Nives Ivankovic. 2h03.

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Photo fournie par K-Films Amérique

Soleil de plomb