Lili (Mélanie Laurent), 19 ans, vient de rentrer de Barcelone. Ses parents (Kad Merad et Isabelle Renauld) lui annoncent que son frère jumeau, Loïc, a quitté la maison à la suite d'une violente dispute avec son père. La nouvelle n'étonne guère Lili : les relations entre Loïc, un jeune musicien, et son père, qu'il accuse de mener une vie étriquée, n'ont jamais été au beau fixe.

Après plusieurs jours d'absence, Lili s'étonne de ce silence. Pose des questions à ses parents. S'en ouvre à son amie de Barcelone, Léa (Aïssa Maïga). Elle se cogne sur ce silence, se blesse sur quelque chose d'indicible et terrible à la fois. Se meurt d'inquiétude.

Chez Lili, la vie de la petite famille de la classe moyenne, vivant dans une banlieue «Truman Show» se dérègle un peu. On n'a jamais trop parlé, on a peut-être un peu trop écouté la télé, mais on ne vivait pas trop mal. Lili commence à se laisser mourir.

Je vais bien ne t'en fais pas a l'air de ressembler à beaucoup de films que l'on a déjà vus. Deuil et disparition (La bouleversante Chambre du fils de Nanni Moretti)? Chroniques familiales? Relations amoureuses? C'est un peu tout cela, et rien à la fois. Et c'est ce que l'on découvre à mesure que le film avance.

Philippe Lioret, réalisateur, et Olivier Adam, écrivain et coscénariste, signent un film bouleversant et surprenant. Bouleversant, parce que la souffrance de Lili (impeccable de désespoir, admirablement incarnée par la jeune comédienne Mélanie Laurent) devient plus profonde, plus complexe et plus palpable à mesure que le film avance.

Surprenant parce qu'on sent, dès la première scène, un lourd mystère s'appesantir sur les frêles épaules de Lili. Et comme elle, on peine à en comprendre la teneur. On meurt un peu avec elle, on se laisse atteindre par ce désespoir. On se lance aussi sur les traces de son frère, sans trop savoir, non plus, ce que l'on va trouver.

Je vais bien ne t'en fais pas sonne juste, parce qu'il ne surligne pas les émotions de ses personnages, pas plus qu'il n'en donne une clé de lecture évidente. Kad Merad, connu pour ses blagues et facéties plus que pour son jeu dramatique, convainc dans le rôle du père de famille, plus maladroit que bourru.

Le tout est justement et précisément exécuté. C'est à une douloureuse et poétique expérience que le film nous invite.
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* * * 1/2

Je vais bien ne t'en fais pas, drame/thriller de Philippe Lioret. Avec Mélanie Laurent, Kad Merad, Julien Boisselier, Isabelle Renauld, Aïssa Maïga. 1h40.

Lili revient de Barcelone. Ses parents lui apprennent que son frère jumeau, Loïc, est parti à la suite d'une dispute avec son père. Lili se laisse dépérir.

Un film où le temps se suspend, puis naît le suspense. Excellente distribution qui donne vie - et chair - aux relations familiales et amoureuses de Français comme les autres.