Nestor avait fait une apparition dans Roger Toupin, épicier variété, le documentaire précédent de Benoît Pilon. Avec sa crinière de vieux lion et ses allures de motard, cet «orphelin de Duplessis» méritait plus. Il l'a maintenant.

Nestor et les oubliés est un film touchant et juste, donc qui ne pèche pas par excès de sentimentalisme ou par condescendance - c'était les pièges à éviter.

De son véritable nom Louis-Joseph Hébert, Nestor fait partie de ces enfants qui ont été «recueillis» à l'orphelinat d'Huberdeau dans ces années où le Québec vivait sous la coupe de l'église catholique et traitait comme il se doit (!) les enfants du péché.

N'ayant pas été, comme bien d'autres, enfermés dans un institut psychiatrique - mais n'ayant pas moins subi de sévices - Nestor et ses compagnons n'ont pas reçu d'indemnisation du gouvernement du Québec. Mais ils ne baissent pas les bras.

Les faits sont révoltants mais les témoignages, douloureux de sobriété. Car Benoît Pilon, plutôt que de prendre le mors aux dents, présente les drames avec la mesure du documentariste. L'effet et l'impact ne sont que plus réussis.

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NESTOR ET LES OUBLIÉS
*** ½

DOCUMENTAIRE
De Benoît Pilon.
Sortie: 3 juillet