Il n'y a aucun fusil, c'est vrai, dans Continental, un film sans fusil, mais on y danse le continental pour vrai.

 

Après sa première à la Mostra de Venise, le premier long métrage de Stéphane Lafleur a connu hier, à Toronto, son baptême nord-américain. Cette comédie dramatico-existentielle sortie d'un peu nulle part constitue sans doute la plus agréable surprise de l'année au cinéma québécois, par sa façon originale de surfer sur les thèmes de la solitude, la peur de l'autre et le besoin d'amour.

Le scénario de Lafleur est conçu autour d'une série de vignettes, où évoluent des monsieurs et des madames Tout-le-Monde qui n'ont rien en commun, sinon d'essayer de survivre dans l'épreuve, dans des bungalows, des chambres d'hôtels et autres appartements anonymes.

Une femme (Marie-Ginette Guay) se retrouve seule et désoeuvrée après la disparition mystérieuse de son mari. Un homme (Gilbert Sicotte) séparé de son épouse (Pauline Martin) essaie d'amasser au vidéo-poker l'argent qui lui permettra de payer une importante opération dentaire. Un vendeur d'assurances en voyage d'affaires (Réal Bossé) se lie d'amitié avec la réceptionniste de son hôtel (Fanny Mallette), une timide célibataire qui s'envoie des messages dans son propre répondeur téléphonique.

Pas de grands discours, de grosse musique ou de plans interminables dans le film de Lafleur. Mais des dialogues bien huilés et des scènes courtes qui portent. On rit un peu, on est ému souvent, on réfléchit beaucoup. Continental, un film sans fusil vaut le détour. Et tant pis pour ceux qui aiment les fusils...