Après des mois de flottement, le plus récent film de James Gray (The Yards) gagne enfin nos écrans. Il se distingue à plus d’un titre. Two Lovers est en effet la plus récente offrande d’un auteur-cinéaste américain dont la démarche, très influencée par les auteurs des années 70, ne cadre pas du tout dans le système hollywoodien. Si son précédent film, We Own the Night, avait déçu à cause d’un dernier acte étonnamment moralisateur, Two Lovers s’inscrit en revanche de façon tout à fait cohérente dans la filmographie de James Gray.

Et puis, Two Lovers serait aussi le tout dernier film de Joaquin Phoenix, un acteur d’exception qui, il y a quelques mois, a pris le monde du cinéma par surprise en annonçant qu’il abandonnait le métier d’acteur. Le nouveau Gray se révèle à cet égard d’autant plus précieux que Phoenix, qui était l’interprète fétiche – et un peu l’alter ego – du cinéaste new-yorkais, livre ici une performance tout simplement bouleversante. Il s’abandonne en effet magnifiquement dans cet univers où les émotions sont abordées de façon très crue et de manière frontale. Le récit de Two Lovers a beau être articulé autour d’une histoire d’amour aux accents romanesques et tragiques, aucune trace de sentimentalisme ne peut être ici détectée.

Écrit spécifiquement pour Phoenix et Gwyneth Paltrow, Two Lovers relate la rencontre de deux âmes blessées. Leonard, dont une récente rupture amoureuse fut si douloureuse qu’il a voulu en mourir, est instantanément fasciné par la présence de Michelle, une nouvelle – et mystérieuse – voisine. Cette échappée vers l’inconnue est d’autant plus tentante pour le jeune homme que ses parents, chez qui il s’est réfugié, le poussent plutôt dans les bras d’une amie de la famille (Vinessa Shaw). De son côté, Michelle est coincée dans une liaison destructrice avec un homme marié.

La situation se complique – ou peut-être s’améliore-t-elle – le jour où Michelle demande à Leonard de l’aider à se libérer d’une liaison dont elle sort toujours perdante.

Évitant les clichés, James Gray propose ici un film superbe, tant sur le plan du style que sur celui de l’écriture. Il émane de Two Lovers un romantisme inouï, sombre et grave. D’une histoire aussi déchirante que ses protagonistes, Gray tire en effet un drame sincère, qu’il ponctue de magnifiques envolées. Surtout, on retient le dernier acte, à fendre l’âme.

Gwyneth Paltrow et Joaquin Phoenix livrent ici des performances éblouissantes. Les comédiens qui les entourent sont très solides dans des rôles de soutien bien écrits. Isabella Rossellini, notamment, est remarquable dans la peau de la mère de Leonard.

Rappelons que Two Lovers fut présenté en compétition officielle au Festival de Cannes l’an dernier. Il prend l’affiche à Montréal en version originale avec sous-titres français, de même qu’en version doublée.

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Two Lovers (V.F.: Deux amants)
Drame sentimental réalisé par James Gray. Avec Joaquin Phoenix, Gwyneth Paltrow, Vinessa Shaw, Isabelle Rossellini. 1h51.


Après une douloureuse rupture amoureuse, un homme revient vivre chez ses parents et tombe amoureux d’une nouvelle voisine, mystérieuse et instable.

Un superbe drame sentimental, magnifié par le style d’un cinéaste singulier.