Il fallait une bonne dose de patience pour traverser ce long métrage nettement inégal en raison des nombreux registres qu’il emprunte.

Cœurs sales, indique le programme du FFM, est un film sur l’intolérance, le fondamentalisme, le racisme et l’amour. Or, il explore tout autant la façon dont certains individus manipulent le patriotisme aveugle pour leurs propres fins.

Inspiré d’un roman et d’une histoire vraie, Cœurs sales raconte les déboires d’une petite communauté japonaise établie au Brésil. Après la Seconde Guerre mondiale, celle-ci subit l’ostracisme de vaincus: défense d’apprendre le japonais, d’arborer le drapeau nippon, etc.

Face à l’intransigeance des Brésiliens de souche, un colonel japonais à la retraite, Watanabe, organise une résistance psychologique en faisant croire que le Japon a gagné les hostilités. Celle-ci s’accompagne de purges des réfugiés japonais adoptant le point de vue de l’ennemi. Ce sont les traîtres ou cœurs sales.

Jeune photographe acceptant avec réticence à laver l’honneur de son pays d’origine, Takahashi accomplit les basses besognes de Watanabe au prix de la destruction de son couple et de sa vie sociale. Jusqu’à ce qu’il reconnaisse ses mauvais choix.

Étirant abusivement les plans-séquences, le réalisateur ne réussit jamais à imposer une ligne de pensée à son oeuvre qui s’abreuve à trop de styles: film de samouraï sanglant, grands élans romantiques appuyés (la musique, misère!), thriller, drame psychologique, etc.

Pour le spectateur dont la connaissance de l’histoire de l’immigration japonaise au Brésil est limitée, une meilleure mise en contexte aurait été nécessaire. À la base, le conflit est imputable à l’intolérance des Brésiliens de souche. Si l’idée est bien exprimée au début du film, elle est rapidement expédiée et évacuée au profit d’une querelle interne entre immigrants japonais. Le lien entre le conflit et sa source n’existe plus.

Malgré tout, on retiendra la grande beauté de la photographie de l’oeuvre. La lumière enveloppant la majorité des scènes est chaude, mielleuse, sensuelle. De tous les films présentés en compétition depuis l’ouverture du FFM, c’est de loin la plus magique.

Corações Sujos (Cœurs sales)

Film brésilien de Vicente Amorim. Avec Tsuyoshi Ihara, Takako Tokiwa et Eiji Okuda.
1h47.

Ce soir 21h30 au Théâtre Maisonneuve
Demain 16h30 au Cinéma Impérial

En compétition officielle.