Les fans de Pearl Jam craignent peut-être de ne rien apprendre de nouveau dans le documentaire soulignant le 20e anniversaire du groupe formé d’Eddie Vedder, Jeff Ament, Stone Gossard, Mike McCready et Matt Cameron.

Les attentes sont néanmoins élevées, car c’est un film de Cameron Crowe, l’ancien journaliste rock et réalisateur de films comme Almost Famous et Singles, qui mettait justement en vedette Pearl Jam. Avec Pearl Jam Twenty, sa volonté n’était pas tant de marquer un moment historique comme le documentaire Hype (qui racontait la naissance du grunge), mais de mettre l’accent sur ce qu’ont vécu de l’intérieur les membres de PJ. Le «rockumentaire» se veut aussi un hommage à Andy Wood, le chanteur charismatique du groupe Mother Love Bone, qui a mis toute la communauté musicale de Seattle en émoi quand il est mort d’une overdose. Il faut voir Chris Cornell pleurer encore aujourd’hui sa mort devant la caméra de Crowe.

C’est après ce moment funèbre que Stone Gossard et Jeff Ament ont décidé de fonder un nouveau groupe. Quand ils ont entendu le démo d’un mec de San Diego, ils ont entendu une âme. Ce gars, c’était Eddie Vedder et, peu de temps après, il déménageait à Seattle. Pour un gars réservé, ce n’était pas facile de devenir la voix d’un groupe dont les membres étaient connus de tous à Seattle.

Il est fascinant de voir comment les membres de Pearl Jam ont vécu l’explosion du grunge. Devenir mainstream était un grand dilemme, alors que Gossard et Ament ont vu «leur» groupe devenir celui de Vedder. Il y a eu les comparaisons avec Nirvana, la une du Time, une bataille avec Ticketmaster, le party du lancement du film Singles, où Vedder a envoyé promener la foule, mais surtout le festival danois Roskilde, en 2000, où huit personnes sont mortes durant la performance de Pearl Jam.

Voir Vedder en parler à la caméra est poignant. En fait, tous ses témoignages sont fascinants. Il s’en brasse des idées et des émotions dans son for intérieur. «Cela m’a pris des années à comprendre Eddie», confie d’ailleurs Gossard.

Cameron Crowe a choisi judicieusement les archives de spectacles présentées dans le documentaire: le tout premier spectacle, où le regard de Vedder ne quitte pas le sol, ou encore le concert du 10e anniversaire du groupe où il chante Crown of Thorns de Mother Love Bone en hommage à Andy Wood.

Le réalisateur est un peu complaisant dans son approche – surtout vers la fin –, un peu trop fan, mais, pour ceux qui le sont aussi, il est pardonné.

Documentaire de Cameron Crowe. 2h.