Insondable sujet s’il en est un, la mort est au cœur des préoccupations (et de ce documentaire) de la cinéaste Violette Gaudreau, 59 ans. La mort est « plus près [d’elle] que jamais », nous confie-t-elle durant les premières minutes de son long métrage documentaire, une chronique très personnelle qui expose surtout le rapport que la cinéaste entretient avec son obsession.

Je suis trop jeune encore pour l’avoir connue de près, la mort, et trop insouciant pour y penser à chaque jour que j’ai le privilège de vivre. Le sujet ne m’est pas distant pour autant. Il y a plusieurs moyens de l’aborder, de le traiter, philosophiquement, sociologiquement, avec des perspectives qui pourraient permettre d’apporter un éclairage nouveau sur la chose et la manière dont on le considère dans notre société.

Violette Gaudreau choisit plutôt de le traiter comme une affaire personnelle. C’en est presque une thérapie. La réalisatrice devient le personnage principal de son œuvre, qui ne manque pourtant pas de témoignages émouvants, mais qui n’apporte pas grand-chose de neuf ou d’éclairant à la conversation non plus.


On ne reste pas insensible au témoignage d’un ex-prisonnier devenu accompagnateur de prisonniers mourants, et qui offre sans doute le point de vue le plus inédit du documentaire : être prisonnier, c’est un peu mourir aux yeux de la société. Et attendre sa fin en prison ajoute une autre dimension à la condition.

Plus tard dans le film, on entend une aide-infirmière qui a longtemps accompagné des gens aux soins palliatifs, à son tour confrontée à la mort, touchante d’impuissance. Un veuf parlant du départ de sa douce offre une autre piste de réflexion.

En contrepartie, quand la réalisatrice cherche un sens à la mort en prenant part à une sorte de rencontre de groupe visant à nous préparer quotidiennement à son arrivée, le propos flirte avec une psycho-pop agaçante. C’est tout là le problème du documentaire : du bon matériel mal dilué dans un film refermé sur lui-même et sur son obsession de la mort, qui se cherche un fil conducteur, une réflexion nouvelle.

On ne mourra pas d'en parler
** 1/2
Documentaire de Violette Gaudreau. 1 h 32.