Obtenir gratuitement des pièces pour sa voiture, un leurre? Non, répondent des entreprises de recyclage qui le proposent en contrepartie d'une voiture de sept ans et plus destinée à la casse. Mode d'emploi.

Éric Gariépy est convaincu du bien-fondé de sa démarche et de sa réussite. Depuis plus d'un an, cet entrepreneur de Napierville offre à quiconque lui laisse sa minoune la possibilité d'acquérir des pièces d'occasion.

«Par expérience, on sait qu'une personne qui envoie sa voiture au recyclage rachète souvent une autre auto usagée. Donc, les pannes sont courantes. La possibilité d'obtenir des pièces gratuites est une sorte d'assurance pour le client qu'il pourra réparer sa voiture à moindres frais», explique-t-il.

Son entreprise, Recyc-Auto, récupère des voitures destinées à la casse à un prix fixé selon leur poids. «L'état n'est pas important», dit M. Gariépy. Ce qui importe, c'est ce qu'il y a dans la voiture, notamment sous le capot.

Le propriétaire de la voiture cédée se voit alors remettre une carte de membre qui lui permettra d'échanger gratuitement une pièce usée contre une même pièce en bon état, et ce, un peu partout au Québec. Un peu partout, car M. Gariépy a convaincu 12 autres entreprises comme la sienne d'offrir le même service en contrepartie d'un véhicule de sept ans et plus destiné à la ferraille. Son concept est ainsi devenu un réseau baptisé également Recyc-Auto. Le client qui ne veut pas de la carte de membre du réseau peut cependant obtenir n'importe quelle pièce à un coût fixe de 15$.

Les «faux» recycleurs

M. Gariépy dit vouloir favoriser le respect des règles de recyclage dans une industrie qui serait gangrenée par de «faux» recycleurs. «Les lois environnementales ne sont pas respectées au Québec quand vient le temps de recycler une auto, dit-il. Certains récupèrent seulement les métaux, le catalyseur, le plomb, le cuivre et l'aluminium et envoient le reste et la carcasse à la compression.»

«Il est normal et souhaitable que des pièces en bonne condition soient recyclées», commente André Bélisle. Mais le président de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique rappelle qu'«aucune pièce du système antipollution ne peut retourner sur le marché». «Tout ce qui touche à la pollution - échappement, injecteurs, sondes, etc. - doit être éliminé», ajoute-t-il.

Éric Gariépy soutient que dans son réseau, une voiture est recyclée à 80%, les 20% restants étant déchiquetés et compressés. La revente des métaux et matières premières d'une voiture lui suffirait comme profits, ce qui permet d'échanger de bonnes pièces détachées contre des pièces hors d'usage.

«C'est étonnant la proportion de gens qui, par eux-mêmes, récupèrent une pièce ou viennent accompagnés de quelqu'un qui connaît la mécanique», dit M. Gariépy.

Président de l'Association des spécialistes pneu et mécanique du Québec, André Sansregret affirme n'avoir jamais vu un client se présenter à son garage avec une pièce mécanique d'occasion. La recherche de pièces est le plus souvent effectuée pour des «raisons budgétaires», dit-il.