Doit-on gonfler ses pneus avec de l'azote plutôt que de l'air? La réponse n'est pas aussi simple que l'on pourrait le penser.

L'azote est un gaz inerte et par définition plus stable que l'air, donc moins susceptible de s'échapper du pneu. Contrairement à l'air, l'azote ne se comprime pas par temps froid. Le pneumatique demeure donc à la même pression peu importe la température.

Bien gonflé, un pneu s'use moins rapidement et il s'ensuit une économie d'essence. À la lumière de ces données, on serait porté à croire que l'azote est idéal. Or, les grands fabricants de pneus ne s'entendent pas pour systématiquement le recommander.

Ainsi, Yokohama le recommande, mais met un bémol. Michelin précise pour sa part que pour un usage normal, l'azote n'apporte pas nécessairement les bénéfices escomptés et procure à l'automobiliste un faux sentiment de sécurité.

Sans favoriser l'un ou l'autre, Bridgestone Firestone Canada estime que l'azote est «acceptable». Sans plus. Le fabricant soutient que ses pneus offrent à la fois durabilité et rétention d'air; il ajoute que le gonflage à l'azote n'endommagera pas l'intérieur du pneu, mais refuse de se prononcer sur les allégations des détaillants qui vantent les mérites de l'azote.

«Ce n'est pas parce qu'un pneu est gonflé à l'azote qu'on doit oublier d'en vérifier la pression régulièrement», précise Adrien Leu, ingénieur et directeur du service technique pour l'Est du Canada chez Yokohama. Selon l'ingénieur, les techniques de gonflage actuelles ne permettent pas d'obtenir plus de 95% d'azote dans un pneu.

 

Michelin soutient que tous ses pneus sont conçus pour offrir une performance maximale avec un gonflage à l'air, pourvu que soient suivies les recommandations sur la pression du constructeur de l'automobile.

Michelin ne recommande l'azote que pour gonfler les pneus destinés aux avions et aux voitures participant à des compétitions. Pour tous les autres types de véhicules, l'oxygène est suffisant et l'azote n'apporte pas nécessairement les bénéfices escomptés, même s'il est reconnu que le gaz réduit la perte de pression causée par la perméabilité du pneu et est plus stable que l'air par temps froid.

Toujours selon Michelin, un pneumatique peut se dégonfler pour différentes raisons, qu'il soit gonflé à l'air ou à l'azote. Un mauvais contact entre la jante et le pneu, une valve défectueuse, la perméabilité du caoutchouc ainsi qu'une perforation sont les principaux éléments qui affectent la pression d'un pneu.

«Le gonflage d'un pneu à l'azote n'y change rien; le gaz n'est que plus stable lors des variations de températures.» Gonflé à l'azote ou à l'air, un pneu doit être maintenu à une pression constante. Un pneu sous-gonflé a une moins bonne adhérence sur la chaussée, augmente le risque d'aquaplaning, est plus vulnérable aux hasards de la route, a une durée de vie réduite et augmente la consommation de carburant.